Lovely Bones, ou l'histoire de Susie Salmon, une jeune adolescente de quatorze ans assassinée par un homme. De l'au-delà, Susie assiste, impuissante, à la tristesse de sa famille, et va tenter de parvenir à aider celle-ci afin de mettre la main sur son ravisseur.
Le scénario du film n'est pas un pur produit de l'imagination féconde de Peter Jackson. C'est d'Alice Sebold, écrivaine, à qui l'on doit cette dramatique histoire de cette jeune fille, violée et sauvagement tuée. Son livre, paru en français sous le titre de La Nostalgie de l'Ange, conquit le pays de l'oncle Sam en 2002. Jackson, qui abandonne sa Terre du Milieu, s'est donc aventuré sur les terres de Pennsylvanie. Et on ne comprend pas pourquoi ce géant du cinéma a voulu s'y empêtrer... Le film souffre d'un défaut qu'il est impossible d'en faire abstraction pendant ces interminables 2H15 : celui de la narration, ce qui est encore plus incompréhensible de la part d'un tel virtuose de la caméra à qui l'on doit une trilogie qui figure de nos jours parmi les plus cultes jamais réalisées dans l'histoire du septième art... Mais c'est un fait : Lovely Bones est assommant de nullité, et frôlerait presque l'indigence.
Côté qualité d'abord, c'est à dire très peu. L'héroïne qui interprète Susie est remarquable à tous les égards, et apporte au personnage une touche d'innocence vierge, que l'ogre Stanley Tucci déchiquette à pleines dents, notamment lors d'une scène assez palpable et crispante à six pieds sous terre. Le sujet, très sensible quand il s'agit de traiter des thèmes comme la pédophilie, ne vire jamais ici dans le glauque ou dans le voyeurisme. En effet, le film reste fort bien assemblé, et les images sont là pour prouver que Jackson n'a pas voulu bâtir son film sur un assassinat mais davantage sur la période qui succède à la perte d'un proche : comment continue t-on à vivre ? la vengeance est-elle nécessaire pour essuyer notre chagrin ? Lovely Bones n'est donc pas à voir comme un thriller (essayez donc de le voir comme tel et le film se révélera comme une catastrophe sans nom) mais comme une gigantesque hyperbole lourdingue sur la vie et la mort, un Ghost puissance quatre (la scène de la poterie en moins), empli de clichés indignes de Peter Jackson, et une musique tout juste acceptable qui aurait à la limite pu nous faire oublier tous ces désagréments... Ce qui n'est hélas pas le cas.
Lovely Bones constitue donc une grosse arnaque couleur pastelle, doublé d'une incroyable déception d'une qualité plus que médiocre. Ne sachant que faire dans le traitement psychologique brouillon de ses personnages chuitants, traînant en longueur la narration qu'il sabote avec des images de synthèse à peine impressionnables, le réalisateur nous donnerait presque l'envie de rire ! Le comble devant la gravité d'un tel sujet.