lundi 30 juin 2008

Ratatouille - critique -

Rémy est un jeune rat qui rêve de devenir un grand chef français. Ni l'opposition de sa famille, ni le fait d'être un rongeur dans une profession qui les déteste ne le démotivent. Rémy est prêt à tout pour vivre sa passion de la cuisine... et le fait d'habiter dans les égouts du restaurant ultra coté de la star des fourneaux, Auguste Gusteau, va lui en donner l'occasion ! Malgré le danger et les pièges, la tentation est grande de s'aventurer dans cet univers interdit.Ecartelé entre son rêve et sa condition, Rémy va découvrir le vrai sens de l'aventure, de l'amitié, de la famille... et comprendre qu'il doit trouver le courage d'être ce qu'il est : un rat qui veut être un grand chef...
Ratatouille, ou un chef d'oeuvre signé Disney. Je dis chef d'oeuvre car rien de ce que vous aurez pu voir de Disney auparavant n'est comparable ici : un happy end sans en être un, pas de scènes chantées (...) Ratatouille, c'est déjà un grand pas dans l'animation. Pixar atteint la perfection ultime en recréeant un Paris plus vrai que nature (malheureusement stéréotypé : dans ce Paris on roule encore en DS, on porte le béret, la baguette est sous le bras..) et des personnages bluffants de réalisme. On a envie de caresser Rémi, de manger une omelette avec Linguini, de faire la cuisine avec Colette ! L'art de Ratatouille vient de ne jamais ennuyer le public et se contente de l'embarquer dans un grand voyage gastronomique où "tout le monde peut cuisiner". Ce tourbillon de fraîcheur et de chaleur à la fois nous invite dans le plus beau des rêves en 3D, magnifié par une galerie de personnages irrésistibles et un humour fin qui ne tombe jamais dans le lourd. Ratatouille c'est le dépassement de soi, de sa condition, des préjugés, mais c'est aussi un véritable voyage vers les sens : on sent les plats préparés par le restaurant (la douce fumée qui s'échappe des fourneaux), on contemple les décors de la salle, on goûte à la place du critique culinaire... Vos papilles seront toutes émoustillées et confèreront un doux sentiment de magie et de sécurité durant 1H50. Rythmé et pétillant, cette féerie de tous les instants vous retournera comme un gant. Pixar a encore un bel avenir devant lui.

samedi 28 juin 2008

Le monde de Narnia Chapitre 2 : le prince Caspian

Les quatre enfants ont été rappelés à Narnia par le Prince Caspian, le jeune héritier du trône des Telmarins. Sa vie est en danger : son oncle Miraz cherche à l'éliminer afin que son propre fils nouveau-né puisse monter sur le trône à sa place. Avec l'aide du gentil Nain rouge, d'une courageuse souris parlante nommée Ripitchip, et du Nain noir aigri et revêche Nikabrik, les Narniens, menés par les puissants rois Peter et Caspian, s'engagent dans une formidable quête à la recherche d'Aslan, afin de sauver Narnia de la tyrannie de Miraz et de rendre sa gloire et sa magie au royaume....
Autant dire d'emblée que je ne vais pas aller avec le dos de la cuillère pour rédiger mes impressions par écrit en ce qui concerne ce second volet du monde de Narnia. Rarement j'aurais vu film plus soporifique de ma vie ! Il n'est pas dans mes habitudes de casser un long-métrage sous toutes ses coutures mais force est de constater que le réalisateur s'est bien foutu de notre gueule !
Tout d'abord, en ce qui concerne le scénario, c'est le vide intersidéral! L'histoire est cousue de fil blanc, tient sur un post-it, et on connaît tous les rebondissements, tenants et aboutissements à l'avance. A entendre par là le bel happy-end made in Walt Disney. Mais le problème n'est pas tant ce happy-end en question, c'est que le film a le culot de se dire mature en mettant en scène ses batailles épiques sur fond de "passage à l'âge adulte avec ses responsabilités" et "aide toi et le ciel t'aidera", alors qu'au final il arriverait à la cheville d'un Cendrillon. Ce qui était plutôt bien avec le premier volet, c'est qu'il introduisait tout un univers attirant, onirique et qu'il conservait une certaine magie des fêtes de Noël. Ici, vous n'aurez le droit qu'à des multiples ô multiples incohérences et des questions qui seront traitées par dessus la jambe (et le mot est faible). Après une introduction éclaire de nos personnages dans le monde de Narnia (leur présence à Londres tient sur 10 minutes ?!), on retrouve ce royaume, décimé par une race humaine avide de pouvoir. Et c'est là que commence (pendant 2h20!) des incohérences à n'en plus finir :
- les quatres louveteaux ne sont pas revenus à Narnia depuis un an, et pourtant ils manient toujours aussi bien leur épée et leur arc avec la plus grande dextérité qui soit... Sans parler du carquois infini de flèches de la reine Suzanne...
- Dans Le monde de Narnia le prince Caspian, ça tranche, ça décapite, ça poignarde, ça égorge... Et pourtant, on n'y voit pas une goutte de sang ! Walt Disney, mon héros...
- Aucune, je dis bien aucune, de nos questions ne trouvent de réponse : pourquoi Aslan s'est-il montré absent pendant 1300 ans ? Pourquoi les narniens furent-ils en voie de disparition ? etc...
C'est un fait, Narnia 2 accumule des clichés : l'histoire d'amour entre le Prince Caspian et l'aînée de la bande, une histoire de trahison entre le roi et l'un de ses valets... Pathétique...
Les acteurs sont déplorables au possible : leur jeu révèle du néant (et les dialogues qui leur ont été attribués n'arrange rien). Au lieu de voir quatre frères et soeurs comme il se devrait, on y voit quatre inconnus qui se donnent la réplique...
En conclusion, je dirai que Narnia 2 est une belle escroquerie en plus de servir sur un plateau d'or un manichéisme indisgeste. Non seulement, cette daube de grande envergure ne cesse de faire un gros plagiat du Seigneur des anneaux (les arbres qui se révoltent, les torrents d'eau...) mais elle ne contient aucune saveur, aucun charisme qui puisse le détacher des films du genre. Ce n'est ni plus ni moins qu'un gros blockbuster qui ne compte que sur ses effets spéciaux pour se mettre en avant et attirer la clientèle, un somnifère commercial d'une longueur interminable, qui sonne creux et d'une prétention sans nom. Disney peut-être fier d'avoir réussi l'exploit d'avoir réuni autant de défauts dans un seul et même film !

jeudi 26 juin 2008

Dead like me - critique - (saison 1 & 2 )

A 18 ans, George est morte en recevant un morceau de la station spatiale MIR sur la tête. Devenue "faucheuse", elle doit rester sur Terre et guider les âmes des personnes décédées...
Étrange que cela puisse paraître, ce "Six Feet Under" version comédie s'est vu être arrêté au bout de deux saisons seulement, faute d'audience.
A croire que les spectateurs ne reconnaissent pas les meilleurs séries ! Car Dead like me est fantastique. Tout d'abord, son sujet, qui aurait pu glisser dans le lourd et le grotesque, se révèle très finement traité. La vie après la mort, comment peux t-on se l'envisager ? Ici, on vit aux côtés de faucheurs qui ont pour mission chaque jour de récolter les âmes des défunts pour les accompagner dans l'autre monde. La bande est très hétéroclite et délirante : Georgia la cynique, Mason le paumé, Daisy la superficielle, Roxie la dure et Ruben le patriarche. Toujours corrosifs, les gags sont géniaux, ce qui fait qu'on regarde cette série avec légèreté, et qu'à chaque fin d'épisode, on en ressort tout joyeux. Ce qui est remarquable quand on sait que l'ambiance tourne toujours autour de la mort ! Il y a du sang, des accidents, des morgues mais on rit toujours devant les gags. Les moments d'anthologies auront lieu au lieu de travail de Georgia, le "Happy time". Régie par la boss Dolorès Sapair (comme sa paire d'yeux noisettes ! - les fans me comprendront -) qui est une vieille fille très nature qu'on adore, on retrouve aussi notre amie Crystal, obèse femme taciturne qui lance ses regards tranchants. Le "Happy time" se veut comme l'annexe, le supplice tantalien de Georgia. Elle s'emmerde (c'est le mot !), et apprend à regarder la vie et les vivants avec un autre oeil.
La saison 1 (avec un pilote irrésistible) rentre dans le lard du sujet, pour le moins originale, et la saison 2 s'attarde un peu plus sur la psychologie des personnages. En plus de suivre le parcours des morts, on suit aussi le parcours des vivants,en particulier la famille de Georgia. On suit sa mère, son père et sa soeur dans le douloureux deuil qui les habite, et la reconstruction nécessaire pour faire face au drame de perdre une fille ou une soeur. La petite R.J est hilarante en petite enfant fadasse qui a perdu la joie de vivre, et Joy est formidable en mère dépassée qui tente de faire face à tous les problèmes (son aînée est morte, besoin de s'occuper de son autre fille tout en canalisant la peine de son deuil, les disputes avec son mari...)
Dead like me, c'est un peu le genre de série à prendre au 30° degré, mais le genre de série où l'on sent le travail bien fait, les dialogues bien écrits, les acteurs qui jouent bien. La musique est délicieuse et reflète bien l'ambiance (le compositeur des jeux Spyro le dragon). Dead like me c'est fin, ça se mange sans faim !

mercredi 25 juin 2008

Lost in translation - critique -

Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour tourner un spot publicitaire. Il a conscience qu'il se trompe - il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d'argent. Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s'intégrer à la réalité qui l'entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire. Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s'intéresser davantage à son travail qu'à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d'attention. Elle va en trouver auprès de Bob...
Le film porte très bien son titre. Le spectateur, pour celui qui est détaché de l'environnement et de la culture japonaises, sera comme Bob et Charlotte, "lost in translation". A première vue, Tokyo semble une ville agressive, froide, tentaculaire et absente de tous sentiments humains : le présentateur déchaîné, les jeunes qui sont absorbés par les jeux, les japonais qui ne regardent véritablement jamais dans les yeux de leur interlocuteur, les sourires figés, les courbettes forcées... Loin des clichés, Sofia Coppola filme la capitale presque comme un documentaire : elle regarde, observe et juge. Rien ne semble donc avoir des points communs avec le pays d'origine de nos deux personnages, deux américains venus au Japon par dépit. L'un a besoin de gagner de l'argent et l'autre, d'accompagner son mari. Et quand on vit dans un milieu qui nous insupporte et qui nous maltraite, les amitiés les plus improbables font irruption au moment le plus inopiné. Ce qui est clairement question dans Lost in translation, c'est ce besoin de l'être humain de rechercher de la chaleur humaine. Tokyo a beau avoir la réputation d'une ville qui ne dort jamais, Bob et Charlotte n'arrive pas à s'identifier à la culture locale et pire, ils se sentent seuls au monde. La barrière linguistique, le comportement robotisé des japonais, le manque de naturel, le trop plein d'artifices : tous ces petits détails les violentent sans arrêt et sans répit. Charlotte pleure, et Bob est sur le point de demander le divorce à sa femme (une remise en question grâce au Japon ? crise du quinquagénaire ?). Malgré leur différence d'âge (Bob pourrait être le père de Charlotte !) ils ressentent le besoin de sortir ensemble. Comme la canne à pêche avec son hameçon, le fardeau qu'ils ont d'avoir été contraint de séjourner dans un pays qui ne les attirait pas, s'envole petit à petit car ils retrouvent leur identité et leur intégrité en se regardant : Charlotte et Bob arriveront enfin à s'endormir après leur première soirée. Leur amitié se transforme petit à petit en un amour platonique. Même s'ils sont conscients qu'ils n'auraient sans doute jamais été attiré l'un par l'autre dépassé ce contexte, tout passe par leur regard et les petites intentions (Bob qui borde Charlotte, Charlotte qui demande à Bob de chanter un slow). Au bout du compte, Tokyo les a fait rencontré. Puis, Charlotte repart en voyage seule. Mais sachant qu'elle peut maintenant compter sur quelqu'un, elle commence enfin à apprécier les beautés du pays (passage à Kyoto) et esquisse son premier véritable sourire à la vue des coutumes locales (un mariage traditionnel japonais).
A travers une magnifique photographie auquel Sofia semble nous habituer à chacun de ses films, une bande son qui invite à la rêverie et au voyage, Lost in translation est le meilleur film de la réalisatrice. A partir d'une histoire simple, elle tisse avec maestria une relation originale entre deux personnes que tout oppose dans un environnement que tout oppose auprès de gens que tout oppose. Ce "lost" dans le "lost" perd le spectateur dans les méandres de Tokyo, cet océan de béton, mais elle nous fait prendre conscience que même derrière le désolement qu'on peut ressentir lorsque nous ne sentons pas chez nous, l'espoir de rencontrer quelqu'un de bien est toujours au pas de notre porte. Le film est romantique, lumineux et explore avec une grande délicatesse les sentiments humains.

lundi 16 juin 2008

Nuits de feux 2008

Tous les deux ans a lieu au château de Chantilly l'un des plus somptueux feu d'artifice au monde ! Pendant près de deux heures, on est transporté vers une autre dimension : celle des effets pyrotechniques du tonnerre de Dieu. A travers une compétition, des artistes du monde entier se tiennent tête et exposent leurs ballets de feu d'artifice sous fond de musiques (allant du classique au moderne). C'est beau, explosif et on reste bouche bée devant tant de magie et surtout devant tant de talent. Malgré des résonances qui déchirent les tympans, et une musique beaucoup trop forte à mon goût, l'époque du château est ressuscitée le temps de trois nuits d'exception. Les pauses-entractes nous sont servis par une séquence "laser" des plus reposantes et psychédéliques. Oubliez les commentaires vaseux des présentateurs, et l'endroit quelque peu inconfortable pour peu que vous ayez pris une place hors tribunes, et vous passerez une soirée des plus oniriques. Rien de tel pour inaugurer le début de l'été et des vacances !

dimanche 15 juin 2008

Psychose - critique -

Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l'entend. Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l'épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou... Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s'enfuit avec l'argent. Très vite la panique commence à se faire sentir. Partagée entre l'angoisse de se faire prendre et l'excitation de mener une nouvelle vie, Marion roule vers une destination qu'elle n'atteindra jamais. La pluie est battante, la jeune femme s'arrête près d'un motel, tenu par un sympathique gérant nommé Norman Bates, mais qui doit supporter le caractère possessif de sa mère. Après un copieux repas avec Norman, Marion prend toutes ses précautions afin de dissimuler l'argent. Pour se délasser de cette journée, elle prend une douche...
Critiquer Psychose, c'est un peu comme critiquer un chef d'oeuvre. Car même si le film a plus de 45 ans, il conserve la même frayeur d'antan. Il me sera donc impossible de ne pas révéler des éléments de l'intrigue.
Le film est clairement construit en trois temps : la cavale de Marion / l'entracte dans le motel / les investigations. Et dans chacun de ces chapitres, Hitchcock installe d'emblée la psychose. Celle-ci apparaît sous la forme d'une paranoïa au début du film. Marion vole de l'argent, s'enfuit et s'invente tout un récit sur la découverte de son acte. Puis, avec la rencontre de Norman, c'est une psychose sous forme de jalousie. La mère de celui-ci ne supporte pas l'idée que son fils héberge une ravissante jeune femme, et des attentions qu'il lui apporte (préparation du dîner, politesse et sourire exarcerbés). Enfin, la dernière partie s'achève sur la psychose, la vraie : la peur primale, dont j'en parlerai plus longuement par la suite. Hitchcock, par la biais d'une belle photographie noir & blanc (qui n'a rien perdu de sa qualité à travers ce demi-siècle !), maîtrise son jeu sur les masques. A travers ces clair-obscurs très ambigus, le spectateur est en effet perdu dans l'identité des personnages et n'arrive plus à déceler leurs places dans le film. Marion, au début, est sans conteste la méchante. Puis, on la prend en considération (on fait tous des erreurs) et puis, elle se fait assassiner. Norman, à l'inverse, apparaît comme le petit gars dont on donnerait le bon dieu sans confession ("J'habite seul avec ma mère dans une maison miteuse, et j'adore cette vie") pour se révéler en fait comme l'un des personnages les plus complexes de l'histoire du cinéma. Ne manquons pas d'ailleurs de souligner l'incroyable prestation d'Anthony Perkins qui l'éleva au rang de star internationale (on n'oubliera jamais son sourire des plus terrifiants dans la scène finale).
Et Hitchcock jouit de ce trouble permanent qui habite le film (la musique stressante, les gros plans sur les visages des acteurs qui ne font qu'accentuer le malaise...). Il prend le temps de raconter une histoire, de partir d'un point A vers un point B et de n'amener les fortes scènes qu'au moment les plus impromptues. Et c'est en cela qu'il réussit son film. Car Psychose ne contient en tout que trois scènes fortes (et courtes par dessus le marché !). Mais elles s'ancrent si bien dans le récit que leurs puissances viennent s'en décupler. De plus, Hitchcock était, à mon avis, en avance sur son temps pour terrifier et manipuler le spectateur comme bien peu de réalisateurs, même encore maintenant, ne peuvent pas se targuer d'avoir réussi à faire. Je parle de manipulation car il introduit ces trois séquences terrifiantes toujours au moment où on s'y attend le moins. La première : il pleut averse, Marion se gare, il fait nuit. On s'attend à un drame. Mais il n'en est rien. Elle mourra quand la pluie aura cesser (mais sous l'averse de la douche, douce ironie). La seconde : l'inspecteur Harbogart qui enquête sur son meurtre s'introduit par effraction dans la maison de Norman. On s'attend à des révélations. Mais la mère brandit son couteau et l'empale. Enfin dans la dernière scène, Vera, la soeur de Marion venue résoudre cette affaire, s'introduira dans la maison en plein jour (dans une époque où les films restèrent centrés sur les scènes d'épouvante se passant uniquement en pleine nuit) et bien sûr découvrira le pot aux roses. Là où Hitchcock réussit son coup de tonnerre, c'est que même en ayant beaucoup de perspicacité, force est de constater qu'on ne s'attendait pas à un tel twist final : la mère était morte depuis des décennies et Norman, rongé par le remord de l'avoir assassiner, l'a habité. Psychose est en réalité une affaire de schizophrénie, d'où le jeu des faux-semblants (image subliminale de la tête de mort qui vient remplacer celle de Norman à la fin dans sa cellule). Et le plus fort dans tout ça, c'est qu'Hitchcock arrive à ne pas inculper Norman pour tous les crimes qu'il a accompli, pour la simple et bonne raison que c'est sa mère qui les a fait. Le spectateur ne déteste pas Norman (on le prend plus en pitié ce pauvre malade mental), mais on a peur de sa mère.
Psychose est un film qui date, c'est certain mais qui fait toujours peur et qui instaure toujours une atmosphère paralysante. Sous le jeu hypnotique de Perkins, on est happé par cette histoire inquiétante. Le scénario, du jamais vu pour l'époque, est fantastique, et les décors sont à glacer le dos (la maison en haut d'une colline n'aura pas fini d'être une référence). Et bien sûr, on n'oubliera jamais cette scène de la douche qui fit le tour du monde : radicale et dérangeante. Pas d'effets inutiles, de sang en-veux-en-voilà. Juste des cadres et un effet de style. Dans ce rôle de femme massacrée sous sa douche, Hitchcock a empaillé Janet Leigh comme Norman empaille ses oiseaux. Ne verrait-on pas dans ce clin d'oeil un précurseur à son film éponyme qu'il réalisera quelques années plus tard ?

lundi 9 juin 2008

Marie Antoinette - critique -

Evocation de la vie de la reine d'origine autrichienne, épouse mal-aimée de Louis XVI, guillotinée en 1793.Au sortir de l'adolescence, une jeune fille découvre un monde hostile et codifié, un univers frivole où chacun observe et juge l'autre sans aménité. Mariée à un homme maladroit qui la délaisse, elle est rapidement lassée par les devoirs de représentation qu'on lui impose. Elle s'évade dans l'ivresse de la fête et les plaisirs des sens pour réinventer un monde à elle.
Ce qui peut paraître très problématique, c'est que réaliser un film historique en retraçant la vie d'une reine aussi complexe que Marie Antoinette sans tomber ni dans la caricature ni dans les préjugés peut être très difficile à mettre sur pellicule. Alors en plus, quand on sait que c'est une Américaine bobo qui s'y colle, que le film sera tourné dans la langue de Shakespeare et qu'il sera agrémenté d'une sauce pop-rock dans tous les coins, on peut prédire le pire à venir. Mais il faut admettre que le résultat est bluffant.
Certes, de nombreuses erreurs historiques viennent ponctuer le film :
- la reine, lors de son "décalotage de robe", apparaît nue. Hors, la dauphine de France n'apparaissait jamais nue en public au grand air.
- son mari le roi Louis XVI lui offre la clé du petit Trianon. Dans le film, Marie Thérèse est bébé. Elle avait en fait dans les quatre ou cinq ans.
(etc..)
Cependant, et Sofia Coppola l'a dit à de nombreuses reprises, Marie Antoinette n'est pas un film historique mais artistique. Elle veut souligner l'idée par le biais de ce personnage controversé, la fin d'une adolescence prématurée et l'engouement d'une femme dans les fêtes pour qui la pression d'un peuple et d'une Cour n'avait jamais atteint un tel paroxysme. Même si l'on sent bien le parti pris de Coppola pour la reine (se faisant un peu son avocate), on est forcé de reconnaître que Marie Antoinette était avant tout une femme qui ne supportait pas les étiquettes, qui fut meurtrie par le poids écrasant des codes et surtout elle était une femme qui ne se sentait pas libre. Il est aussi clair que Louis XVI se sentait aussi étouffé. S'il fût un piètre roi, c'est parce qu'il était trop jeune quand il accéda au trône, et parce que son père ne l'a formé que très peu au métier. Alors oui, il a cette image international de l'homme niais très peu intéressé aux plaisirs de la chair mais plus aux plaisirs de la bouche, mais ce qu'on ne peut pas retiré au caractère de Louis XVI, c'est qu'il fût un homme volontaire. Mais toutes ses erreurs se sont rabattues (sans raison) sur la réputation de celle qu'on appelait l'espionne autrichienne. Finalement, et le film le met bien en avant, Marie Antoinette fut tout simplement mal-aimée et malmenée dès le départ et entra en France à une phase critique. Elle était comme on dit, au mauvais endroit au mauvais moment. Après bien sur, c'est infiniment plus complexe que cela, mêlant enjeux politiques et économiques. Mais ça, le film ne le met pas en avant.
Le film est un peu comme un bonbon. On en déguste chaque instant. Les décors sont les vrais (Château de Versailles) appuyant sur le côté docu-fiction, et les costumes n'ont rien à envier de ceux de Barry Lindon car c'est la même costumière qui s'est occupé de cette tâche (et qui fût oscarisée à juste titre). Les musiques, tant appréhendées, se fondent dans les scènes comme de la meringue coincée sous la langue. Le rock colle parfaitement à l'esprit décadent de Versailles et on se met à danser, et à tourbillonner intimement autour de notre reine. Kirsten Dunst, plus mutine que jamais, campe une Marie Antoinette très réaliste et dépassée par les évènements. A ajouter la sublimation de la photographie, le film réunit le podium le plus important à mes yeux : Décors - Musiques - Costumes. Pour un film de ce gabarit, je pense que c'était la tâche la plus lourde, et Coppola s'en sort admirablement bien pour une étrangère.
Au final, je n'émettrais pas plus longuement une critique historique sur les évènements car est important ici mon point de vue sur le film. Ce que je dirais donc, c'est que Sofia Coppola a été jusqu'au bout de ses idées, a finalement été une Marie Antoinette sur le tournage (la pression des historiens français sur son dos) et qu'elle a réalisé un film tout simplement sublime avec quinze terrifiantes dernières minutes (qui nous laissent scotchés, le coeur palpitant) mais qui nous laisse malheureusement sur notre fin... Sous cet amas gargantuesque d'informations et le souci des véracités historiques, elle a su retenir que l'essentiel pour permettre au spectateur d'effacer son incompréhensible haine envers cette Reine ("Elle a affamé le peuple" : argument un peu sommaire et contre-indicatif) et a réussi à nous faire replonger dans cette période clé de l'Histoire de France.

dimanche 8 juin 2008

Ico : le test !

Jouabilité 5/5
Élégante et originale, la jouabilité de Ico reste unique. La caméra, audacieuse, se manie sans problème pouvant explorer la beauté vertigineuse des lieux. Une grande surprise et une grande réussite.

Graphismes 5/5
Tout le long du jeu, le décor reste magnifique. Cette impression de gigantisme nous donne un léger sentiment de liberté. Les lumières sont exceptionnelles allant même à nous éblouir. Les arbres, les ombres, les personnages... : tout est maîtrisé.

Son 5/5
Certes Ico ne contient que peu de musique mais les bruitages sont si vrais que l’on s’y croirait. Les voix et les musiques sont superbes apportant au jeu, une ambiance des plus inquiétantes mais aussi des plus mystérieuses.

Durée de vie 4/5
D’autres diront que Ico se termine en un week-end. Ils ont raison. Seulement, Ico n’est pas un jeu fait pour avoir une durée de vie longue. Il propose seulement un voyage éphémère vers un monde sans issu.

Le meilleur
Une atmosphère unique et poétique, des personnages d’anthologie, d’excellentes idées et des graphismes renversants.

Le pire
On aurait aimé plus de variété.

Ico reste une une invitation au voyage. Un jeu unique en son genre qui se vit et se ressent. Une expérience troublante et excitante.

19/20

Matteo et Paola

Dans la sympathique (mais non moins chic) rue du Cherche midi, se trouve ce petit resto-brunch. Il n'y a pas beaucoup de place (elles se trouvent toutes sur la photo) mais il y a une terrasse, et l'accueil y est chaleureux et reposant. Et surtout, les prix ne sont pas inaccessibles. Moi qui prend d'habitude une tortilla espagnole avec sa salade, un thé et un ananas comme dessert, vous vous en sortirez entre 12 et 15 euros. Pour vous mesdames, de quoi se lâcher un peu plus dans votre shopping l'après-midi le ventre léger.
Budget : 15-30 euros
Horaires : De 8h à 12h et de 14h30 à 19h30.
Adresse : 20, rue du Cherche Midi (VIeme) M° Sèvres Babylone (Ligne 12, 10)
Téléphone : 01 45 49 33 64

La photo du jour

Qui, à cet instant précis, n'a jamais eu autant envie de manger des fleurs ?
Moi je dis "MIAM" !

Six Feet Under promo

Afin de mettre un point d'honneur à cette série, je vous invite à regarder ces vidéos promotions de toute beauté !

Promo saison 2



Promo saison 3



Promo saison 4



Promo saison 5

mercredi 4 juin 2008

Incredibly incroyable - critique -

C'était hier soir au POINT VIRGULE rue Sainte croix de la Bretonnerie. Un one man show d'un comédien nommé Bertrand Brossard. Une pièce exclusivement en anglais.
Malgré mes compétences très limitées dans la langue de Shakespeare, il faut souligner que la pièce est très compréhensible. Et ça, c'est un bon point dans la balance ! L'anglophobe de base se retrouvera sans trop de problème pour peu qu'il ait un niveau lycée. On rit quand il faut rire (pas d'humour british, rassurez vous), même si on a du mal à voir le lien entre les sketchs.
D'après ce que j'ai pu comprendre, le comédien relate les évènements décisifs du vingtième siècle en les parodiant au côté de Dieu lui-même. Les nazis, la guerre froide, les artistes les plus connus (Marcel Marceau) : tout y passe. Faisant parfois interagir le spectateur, Brossard campe une pêche d'enfer et enchaîne bruitages sur bruitages avec une force inépuisable. Qui plus est quand il les réalise de façon assez réaliste !
Voici donc une petite pièce agréable, sympathoche, où l'on rit bien, et où l'acteur nous fait communiquer intelligemment son humour caustique, tout en faisant rompre les barrières (à priori insurmontables) de la langue en employant des mots et des tournures simples. Enjoy !

dimanche 1 juin 2008

Sex & the city le film - critique -

Voilà cinq ans que nous avions quitté nos héroïnes new-yorkaises préférées faisant ici leur come-back sur grand écran, plus enjouées que jamais.
Alors que la série se terminait sur un
happy-end qui clôturait en beauté leurs histoires amoureuses, le film se contente d'en remettre une couche. J'en étais tout émoustillé. Pourtant, c'est mitigé que je ressors de la projection.
Tout d'abord, le problème réside dans la durée. 2h25, c'est beaucoup trop long, surtout là où nous étions habitués aux vingt minutes d'un épisode. Ensuite, nous assistons à un véritable défilé de mode, une apologie des marques de luxe. On savait nos quatre filles fashionatas, mais pourquoi ici étaler autant de fric ? Navrant. Car soyons honnêtes, après le visionnage du film, ça en est à un tel point que lorsque les lumières de la salle se rallument, on a la très brève impression de se sentir comme un microbe, une espèce de clochard avec des vêtements pourris et ringards. On reprend le métro et les formidables odeurs qui l'accompagnent, et nous retournons dans notre studio non moins modeste... C'est véridique : Sex & the city est sursponsorisé et nous fait sentir comme des gens du peuple, d'une banalité affligeante. Chaque nouveau plan ou nouvelle séquence nous montre nos héroïnes dans une tenue différente et ça en est insupportable. La série n'avait jamais dépassé ces limites dans l'absurde. Ici c'est Samantha qui n'hésite pas à prendre un jet privé pour rejoindre ses copines faire du shopping, partager un brunch, ou participer à un défilé de mode... On rêve !
Mais les principales erreurs dans lesquelles sont tombés les scénaristes c'est que non seulement le scénario tient sur une touillette à café mais non seulement on ne reconnaît plus grand chose dans le film qui faisait toute la passion de la série.
- Pourquoi changer soudainement la décoration de l'appartement de Carrie ? (on passe d'un endroit chaleureux qui reflétait sa personnalité romantique à un lieu aseptisé et froid)
- Pourquoi entraîner Steve, le mari de Miranda, dans l'adultère alors que la série ne l'avait jamais fait ?
- Pourquoi faire vivre Samantha en Californie ? Pire, pourquoi l'avoir fait passé pour une femme presque prude ? (alors que dans la série, Samantha s'était révélé au public comme étant la nymphomane de la bande qui n'avait peur de rien, et qui enchaînait les conquêtes) Fort heureusement, le côté cru de ses mots n'a rien perdu de sa verve !
- Pourquoi mettre Charlotte enceinte ?
On a l'impression en fait que tous les bouleversements qui restaient comme des inconvénients de la vie dans la série (Charlotte stérile, Carrie et ses ennuis financiers...) ont été évincés pour laisser place à un mélo cul-cul et friqué à souhait dans lequel on ne reconnaît plus rien. Oui, les personnalités bien trempées de nos héroïnes sont toujours là pour notre plus grand plaisir (on est heureux de les revoir s'éclater une dernière fois) mais c'est comme si on avait le sentiment qu'elles jouaient leur rôle en ayant conscience de tourner un film. Alors que dans la série, elles étaient si naturelles, si fraîches qu'elles passaient vraiment comme quatre célibattantes qui parlait sexe à coeur ouvert et sans détour. De plus, le film traite de tellement de sujets graves (un futur marié qui abandonne son épouse, la trahison d'une amie) que le tout est résolu par un coup de baguette magique écoeurant. Sex & the city se voulait comme un témoignage des vies de femmes new yorkaises en mal avec la gente masculine, et non pas un de ces films hollywoodiens prétentieux à l'eau de rose.
Toutefois, ne soyons pas aussi durs, le film reste bon à bien des égards. D'abord parce qu'il fait rire et c'est là le principal ; parce qu'on y retrouve la voix off de Carrie tout le long du film ; et parce qu'on retrouve la pétillante complicité des quatre copines presque légendaires... Charlotte est toujours aussi bourgeoise dans son attitude, Samantha a toujours son franc parler, Miranda est toujours aussi cynique et Carrie, toujours aussi romantique. Et on aime être à leurs côtés pour les voir rire et pleurer.
Conclusion : Le film Sex & the city n'est pas en soi mauvais et on se doit de remercier toute l'équipe d'avoir réalisé le film à la demande des fans ! Mais bien que nous retrouvons nos copines, le sourire aux lèvres, bien qu'on rit beaucoup (le passage de Charlotte en proie à une diarhée foudroyante) et qu'on se sente bien avec elles pendant plus de deux heures, on ne retrouve pas le rythme frénétique et le peps de la série (syndrôme des Simpson qui a, selon moi, connu le même sort lors de son passage du petit au grand écran). Quant aux seconds rôles, ils font figures de papier-peints (Stanford, Anthony). Michael Patrick King n'a pas pris beaucoup de risque et il le sait. Il en a fait un film pour filles/femmes (et pour les pouffes). Bref, pour se faire un vrai avis sur cet univers délirant, rabattez vous plutôt sur la série qui elle, est formidable à tout point de vue (et autant à destination des hommes que des femmes) et dont la fin se suffisait à elle même tellement elle était parfaite et en cohérence dans son esprit.

L'idée reçue du jour

NON, Sex & the city n'est pas une série destinée que pour les filles !