Jake Sully, un ancien marine devenu handicapé, est recruté par une élite commando pour aller sur Pandora dont le but est de récolter un minerai extrêmement rare, nécessaire à la survie des ressources naturelles de la planète Terre. Grâce à un avatar, un corps modifié génétiquement à partir de l'ADN humain et Na'vi (une race vivant sur Pandora), Jake a pour mission d'infiltrer ce peuple et récolter ainsi de nombreuses informations. Mais Jake fini par s'attacher aux Na'vis, au grand dam des humains, provoquant une guerre inévitable...
Douze ans que James Cameron n'était pas revenu aux commandes du grand écran après son superbe Titanic, qui avait raflé une dizaine d'oscars en 1997. Douze ans aussi que James Cameron s'est attelé à penser Avatar, son monde, sa faune, sa flore. Parce que les moyens technologiques ne permettaient pas à l'époque de réaliser son rêve comme il le souhaitait, Cameron s'est efforcé de se montrer patient. 2009 : son bébé Avatar voit enfin le jour. Le résultat n'est pas grandiose. Plus que cela, il est indicible.
Mettons de côté la honte des trois euros supplémentaires pour visionner le film en 3D et l'hystérie collective des gens dans la salle, se piétinant littéralement pour accéder aux meilleures places, et attelons nous au long métrage lui-même. Conscient que ce qui va défiler devant nos yeux pendant 2H40 risque fort de changer notre approche du septième art, on s'assoit tout excité, n'y tenant plus et extrêmement curieux face à ce film dit "révolutionnaire". Bien que sentant l'effet 3D à ses débuts, le résultat est féerique à tous points de vue. L'univers de Pandora crée de toute pièce par Cameron, qui fait preuve d'une imagination rare et précieuse, vit. Oui, Pandora vit. Ces îles grandioses qui flottent dans le ciel, ces parterres d'herbes et de plantes magiques qui s'illuminent au gré des pas, ces lumières surnaturelles... tout est réaliste et on marche à fond dedans. Cameron écrase tous ces compères de par la maîtrise ahurissante du numérique. La représentation virtuelle des Na'vis et leurs expressions faciales sont exceptionnelles. La caméra, quant à elle, n'est pas seulement là pour être une machine à blockbuster. Elle sillonne les vallées de Pandora avec une telle virtuosité, dépasse les limites de l'inimaginable avec une telle force qu'elle confère à James Cameron le statut d'un cinéaste en avance sur son temps. Nous le savions déjà avec Titanic, qui pour l'époque avait ébranlé le monde entier. Mais avec Avatar, le monsieur se révèle surhomme. Et devant un tel boulot et une telle masse de travail, dont on ne percevra jamais toute sa démesure, on s'étonnerait même de ne pas avoir vu le cinéaste dans la rubrique nécrologique d'Hollywood pour cause d'épuisement.
Cameron aime jouer les funambules. A la frontière entre le rêve et la réalité, la corde raide est très étroite dans Avatar. Le premier plan du film renvoie au dernier : des yeux qui s'ouvrent vers un inconnu à parcourir. Le genre humain, lui, reste une pourriture capitaliste, éternellement cupide, qui ne vit que pour se sentir supérieure aux autres. Mais Cameron évite pourtant tout débordement manichéen. Par exemple, Trudy, incarnée par Michelle Rodriguez, a beau se rallier vers les Na'vis, il n'empêche qu'elle était quand même là pour appuyer sur la gâchette et verser sur la Nature ses missiles de feu. Savant mélange entre un Pocahontas (John Smith possède étrangement les mêmes initiales que le héros) et quelques influences prononcées pour Final Fantasy (l'arbre n'est pas sans rappeler l'Ifa dans le neuvième volet de la série), les références pleuvent. Avatar est un chef d'oeuvre de science fiction pure, qui ferait passer Star Wars pour une saga qui fait vraiment pitié. Tout n'est ici qu'expérience. Chaque effet pyrotechnique a son importance, les batailles ne lassent jamais et les 2H40 passent comme une lettre à la poste. Pandora nous a adopté, ou plutôt c'est nous qui avons adopté Pandora, et on ressort ainsi des salles en se dissuadant malgré tout de la beauté de notre planète, sans cesse bulldozée hélas par l'inconscience de notre espèce.
Cameron est un génie. Et toutes les personnes raisonnables ayant vu Avatar ne pourront retirer ces paroles de ma bouche. Avoir patienté plus d'une décennie pour être le témoin d'un tel évènement dans l'histoire du cinéma est un vrai privilège, pour nous et pour nos yeux. Et pourtant, Cameron l'a fait. Avatar est juste parfait, de ses acteurs à son formidable scénario. Et surtout, il constitue un tour de force où l'émerveillement et ce sentiment d'appartenir à une autre planète sont le résultat d'un fabuleux théâtre vivant et écologique. Cyber-opéra conduit par l'orchestre du fidèle James Horner, Avatar est une grosse claque qu'on aime recevoir et où l'on n'hésite pas une seule seconde à tendre l'autre joue. Et il risque bien de détrôner le record d'oscars établi par Le seigneur des anneaux. Mais dans le fond, est-ce si important ?