mardi 24 mars 2009

L'étrange histoire de Benjamin Button - critique -

De 1918 à nos jours, le parcours de Benjamin Button : un bébé qui naquit plus vieux que tout le monde et qui vit sa vie dans le sens inverse, rajeunissant année après année.
Curieux film que celui-ci. L'étrange histoire de Benjamin Button est à regarder comme un beau conte commençant par "Il était une fois" mais finissant avec son lot de tragédie. Une tragédie qu'on est en mesure de connaître dés le début. La caméra de David Fincher, le réalisateur, est d'or et il nous le prouve en sublimant chaque photographie, chaque plan qui trahit le souci du détail. L'étrange histoire de Benjamin Button est un vrai livre d'image. Ce personnage qui "paraît moins vieux qu'il n'en a l'air" prend une portée universelle : il touche tout le monde par son innocence octogénaire, sa maturité adolescente ; sa sagesse prématurée et sa sénilité tardive. On parcours toute la vie de Benjamin, du berceau au berceau. Conscient de ne pas grandir comme tout le monde, il mène néanmoins une vie comme tout à chacun. Ici, pas de meurtre, de sang, de violeur... l'Ennemi, le vrai, celui qui fait peur à tout le monde et qui reste tabou, celui qu'on ne peut pas vaincre car inscrit dans le sens naturel des choses : l'Ennemi, c'est le temps.
On le sait tous : le temps est un vrai fléau. Implacable, capable de nous emporter avec ses aiguilles à n'importe quel moment, il est partout dans l'air et nous surveille de près. Avec l'étrange histoire de Benjamin Button, on réalise qu'on ne peut pas certes le combattre et qu'il faut donc l'apprécier et l'étreindre à chaque moment de notre courte existence. Comme dirait Button lors d'un passage du film "Quand Dieu donne, il reprend". En gros, quand il survient un évènement heureux, il s'en suit un drame, et vice-versa. La vie, c'est ça : une balance constante entre la vie et la mort et qu'on soit un petit garçon avec une apparence de vieillard ne change en rien sa perspective : on veut tous vivre.
Avec des maquillages hallucinants, une pléthore d'acteurs éblouissants (Brad Pitt remonte dans mon estime), une narration enchanteresse et une photographie rare, l'étrange histoire de Benjamin Button est le genre de film à visionner pendant les périodes de fêtes. Même si parfois, l'émotion est passée à la trappe voire bâclée (la mort de Queenie, expédiée), il n'en reste pas moins qu'on est attendri par cette étrange histoire, notamment avec des plans finaux qu'on gardera toujours en mémoire car dotés d'une poésie des plus simples mais qui touche en plein coeur.
Peut être un peu long pour certains, peut être trop court pour les autres, l'étrange histoire de Benjamin Button a le mérite de nous entraîner sans temps mort dans la belle épopée de ce monsieur dans une Amérique qui ne semble connaître aucune discrimination. Ce voyage au bout de la vie est une oeuvre intime comme elle belle à voir, triste et magnifique. David Fincher nous surprend à chacun de ces films car il a tendance à passer d'un genre à l'autre. Qu'il continue ce grand homme, tant qu'il arrive encore à nous faire rêver.

Aucun commentaire: