samedi 27 juin 2009

Hommage

Une petite pensée en ce jeudi 25 juin : la bête de scène pop Michaël Jackson est mort dans la nuit d'une overdose de médicaments qui aurait provoqué un arrêt cardiaque. C'est plusieurs générations qui pleurent ainsi la mort de ce grand chanteur et danseur qui créa dans les années 80 un genre musical, un pas de danse planétaire inimitable et qui prouva dans cette USA raciste qu'on pouvait être noir et devenir l'une des stars les plus connues et les riches du monde.
Il avait par la suite été "déchu" entre des comportements incompréhensibles, des accusations de pédophilie (qui n'ont toujours pas été concrètement prouvées) et des dettes à n'en plus finir. Michaël Jackson était une personnalité complexe et mal dans sa peau entre son désir de ne jamais grandir pour vivre une enfance qu'il n'a jamais eu à cause de son père violent et alcoolique, et son désir de devenir blanc et qui s'avèrera être un échec sur toute la ligne. Défiguré et enlaidi, il ne devient plus que l'ombre de lui même les années passant.
Et comme toute bonne star phénoménale qui se respecte, il meurt jeune (à 50 ans) d'une fin tragique. C'est en cela qu'il figurera à tout jamais comme le Roi de la Pop qui fit twister des millions de gens. "Thriller" "Billie Jean" "Bad" (...), qu'on aime ou pas, ces tubes resteront pour toujours gravés dans l'inconscient de tous.

mardi 23 juin 2009

Musée Rodin, entre art et romantisme

Le musée Rodin est un petit havre de paix, dissimulé derrière les Invalides, où se côtoient l'art de du grand Rodin, assorti d'un petit jardin romantique fait de rosiers et d'une belle fontaine. Le musée permet surtout de rendre hommage dans un magnifique pavillon d'époque, à l'un des plus grands sculpteurs du XIXe siècle (et français de surcroît) et à l'une de ses maîtresses : la talentueuse Camille Claudel. Voici une petite palette de ses scultpures des plus connus.
Le scandale de l'Âge d'airain
Première tempête dans une carrière jusque-là fort banale : L'Âge d'airain. Rodin met dix-huit mois à réaliser cette statue frémissante de vie dont il attend, enfin, une reconnaissance officielle. Si, lors de son exposition à Bruxelles en 1877, cette oeuvre "réaliste" déconcerte les critiques, quelques mois plus tard à Paris, elle est accusée d'avoir été moulée sur nature. Il s'agit d'une pratique courante dans les ateliers de sculpteur qui consistait à prendre l'empreinte du corps d'un modèle.
Pour Rodin, le coup est très dur. Découragé, sali malgré les preuves multiples et irréfutables de sa bonne foi, à trente-sept ans, il doit retourner travailler anonymement.
Après trois de lutte, une pétition signée par des personnalités du monde des arts met fin à cette vaine politique : en 1880, L'Âge d'airain est acheté par l'Etat. A quarante ans, Rodin entame enfin une carrière de sculpteur.
Le modèle choisi est un soldat belge de vingt-neuf ans, Auguste Neyt, représenté devout, pétri de souffrance et de rêve. Cette statue est un fervent hommage aux maîtres de la Renaissance italienne (car modelé subtil en profondeur, muscle par muscle).
Pour la présentation au grand public du Balzac , au Salon annuel de 1898, Rodin a voulu exposer en regard - peut-être pour atténuer les critiques - un agrandissement en marbre du Baiser. Le groupe est couvert d'éloges.
Ce couple enlacé évoque le pur bonheur de la passion amoureuse.
De tout l'oeuvre de Rodin, la sculpture la plus célèbre est sans doute celle-ci. Première figure à être modelé pour la Porte de l'Enfer, Le Penseur est exposé dès 1888 dans sa taille originale de 71,5 cm de hauteur, puis agrandi à ses dimensions monumentales en 1902 et offert par souscription à l'Etat. Son inauguration devant le Panthéon en avril 1906 dans un climat de crise politique et sociale en fait un symbole socialiste avant qu'il ne soit transporté en 1923, avec son socle, dans les jardins de l'hôtel Biron.
La concentration et la tension de ce penser, que sa nudité rend universel, imposent cette oeuvre comme un symbole d'espoir et de foi en l'homme.

Pour en savoir plus sur les autres sculptures non moins magnifiques et l'histoire du jardin et de l'hôtel Biron, je vous invite à vous rendre directement sur place pour une belle petite ballade.

Nom : Musée Rodin
Tarif : Gratuit pour les - de 25 ans ressortissant de l'U.E. Le cas échéant, comptez entre 5 et 10 euros pour faire le tour.
Accès : 79 rue de VarenneVarenne (ligne 13) Ouverture : du mardi au dimanche de 9h30 à 17h45 (horaires d'été), fermeture du parc à 18h45. De 9h30 à 16h45 (horaires d'hiver), fermeture du parc à 17h.

lundi 22 juin 2009

Onedreamrush, le retour

Toujours porté par cet hypnotisme visuel enivrant, je suis tombé sur quelques échantillons de scènes qui seront présents dans ce court métrage pour le moins inhabituel, basé sur un projet pour la promotion d'une marque de vodka. Ce que vous verrez apparaît déjà dans la bande-annonce mais cette fois ci sans coupure et toujours accompagné de ce tic-tac incessant du temps qui passe. Certains parlerait même de la plus incroyable publicité de tous les temps (de 30 minutes, on comprend mieux). Constatez une nouvelle fois par vous même : des scènes d'une incroyablement attraction, qui réveillent et éveillent nos sens... Pour ma part, une petite préférence pour la forêt, la femme dans l'église et celle du canapé. Et vous ?

dimanche 21 juin 2009

Exposition "Breaths"

Communiqué de presse
L'exposition "Breaths" invite les spectateurs à pénétrer dans un espace où la pénombre se confonde avec le rêve. Cette série de peintures (dont vous voyez ici deux échantillons) nous présente des bribes de corps surgissant de l'obscurité. Le seuil de la galerie franchi, on devient voyeur autorisé, invité à se laisser ensorceler par les charmantes inquiétudes de l'inconnu. Le spectateur plonge dans l'atmosphère humide des abysses marins où les figures représentées sont embrumées de vapeurs, où les soupirs d'apaisement sont presque audibles.
Dans sa démarche, Anna Beth Hynum s'interroge sur l'espace qu'occupe le corps humain ; elle peint les morphologies comme formes pures en abordant la peinture figurative essentiellement par l'expression du corps. Pour la série de peinture "Breaths", elle met en avant pour ses figures qui s'extirpent de l'ombre, le mouvement et la couleur.
Elle souligne la douceur de la chair comme le ferait la main d'un amant à la recherche des courbes de l'autre, caressant la toile de son pinceau avec la délicatesse d'une goutte d'eau roulant sur le corps. La maîtrise des couleurs ? un prisme de cristal !
Dans la subtilité des scènes dégagées dans ses peintures, Anna nous évoquent "mille désirs rôdeurs" (Maupassant) ; des véritables nuits suaves qui évoquent un cocon délicieux. Les lignes de chair fuyantes que poursuit l'oeil du spectateur continuent à perte de vue...
Cette exposition, qui succède au récent Corps végétal il y a deux semaines (de la même artiste), est à mes yeux un magnifique enchaînement visuel sur la représentation du corps. D'un côté, nous avions le corps enchevêtré dans les racines végétales comme appartenant à un tout indissociable de beauté naturelle. De l'autre, nous avons ici le corps dans ce qu'il y a de plus inavouable et de plus secret. Par un jeu de couleur variant du bleu au noir, en passant par des tons chaleureux (rouge-orange-jaune), Beth Anna Hynum a su décliner, dans ce qu'il y a de plus personnel, la représentation graphique d'un corps terriblement pétrifié dans son obscur mais néanmoins rassurante nudité. L'exposition débute sur un visage (nous sommes observés) puis passe sur un dos anonyme, mélancolique, charnel, pour ensuite s'achever sur un ange et le sexe d'une femme : deux symboles qui n'est pas sans rappeler une icône où la position de la femme ne serait que l'intermédiaire entre l'homme et Dieu ? Ses toiles, qui pour certaines laissent rêveurs, invitent donc à prendre conscience de la valeur inestimable d'une douce caresse sur un corps nu, où le contact de la peau sur une autre peau est synonyme d'érotisation d'un moment privilégié...

En bonus, le lien de l'artiste :
http://www.takeholdoflife.com

samedi 20 juin 2009

Onedreamrush

42 réalisateurs s'attellent à réaliser chacun leur tour un court métrage de 42 secondes chacun (soit 42 épisodes en tout). Voici une première bande annonce des plus étranges pour une date de sortie hélas inconnue à ce jour. Le cinéma, le vrai, ce monde d'illusions où se confond rêve et réalité, ce cinéma-là, finalement c'est ça. Le résultat est tout simplement ... onirique !

jeudi 18 juin 2009

Coraline - critique -

Coraline Jones est une fillette intrépide de onze ans, et d'une curiosité sans limites. Ses parents, qui ont tout juste emménagés avec elle dans une étrange maison, n'ont guère de temps à lui consacrer. Pour tromper son ennui, Coraline décide donc de jouer les exploratrices. ouvrant une porte condamnée, elle pénètre dans une maison identique à la sienne... mais où tout est différent.
Coraline résulte, quinze ans après le sublime Etrange Noël de Mr. Jack, du mélange entre la capture en stop-motion traditionnel et la 3D. Un seul homme et donc un seul nom à retenir pour ce grand talent : Henry Selick. Bien peu de films je dois dire m'ont déçu en ce moment au cinéma et Coraline ne fait pas exception. Intimement profond et visuellement spectaculaire, Coraline nous entraîne dans un cauchemar éveillé, rythmé par une petite fille très attachante. Gretel des temps modernes, Coraline vit tout un parcours initiatique sur la quête de soi (l'anagramme Coraline/Caroline n'est d'ailleurs pas anodin). Le thème a été maintes et maintes fois traité mais rarement on aura ressenti un pareil vent d'air frais. Prouesse technologique, Coraline est avant tout un monde très inquiétant où l'étrange se cache derrière un buisson et où les éléments folkloriques de la malchance (arbres défeuillés, chat noir, bicoque biscornue, fleurs fanées..) incarnent de véritables illusions. Jouant systématiquement la carte du leurre, Selick crée à sa façon son pays des merveilles, le faisant ainsi basculer entre le trompe-l'oeil total et la réalité telle qu'elle apparaît. Au centre, le jardin des peurs primaires, c'est à dire les peurs enfantines, celles qui sont les plus cachées, les plus enfouies en chacun de nous. On les oublie mais ô grand jamais nous les évinçons de notre esprit. Coraline nous offre ce melting-pot de scènes cauchemardesques car absurdes : ici pas de monstre sous le lit, mais une salle immense de spectacle avec pour spectateurs des chiens à un oeil...
Coraline est aussi un grand moment de cinéma d'animation de par ses couleurs. Pastellées, hypnotiques, le film n'es pas sans rappeler un certain Noces funèbres pour la symbolique de ces dernières. Étrangement, nous remarquons que le monde réel se chaparde de couleurs fades et monochromées, et à contrario, le monde parallèle laisse place à un épanouissement total de son environnement. Le message que souhaite faire passer Selick en filant cette métaphore de plus de 1H30 est de montrer à quel point nous sommes acteurs de nos propres couleurs et que si la vie nous parait triste et monotone de par son noir et son blanc, c'est parce qu'une part de nous même souhaite adopter ce style grisé. D'où l'intérêt que porte Coraline a acheté au début cette paire de gant oranges et qui montre à quel point elle symbolise LA couleur dans cette aventure et que tel un coloriage, elle devra peindre ses propres qualités pour sauver sa vie.
Emmené par une bande-son très féerique, Coraline est donc un petit bijou d'animation qui ne manquera pas de toucher ni les petits et ni les grands. Selick y insère une philosophie des plus intéressantes et a su créer une fois de plus un univers sombre et très personnel, débordant d'imagination où le vrai n'est jamais loin du faux. Finalement, Coraline c'est comme une crème caramélisée : d'apparence merveilleuse, il suffit de la gratter un peu pour laisser paraître à l'intérieur des fissures qui ne demandent qu'à être enduites de bons sentiments.

samedi 13 juin 2009

La révolution française - critique -

La première partie Les Années lumière, raconte les évènements de 1788 au 10 août 1792, lorsque le roi Louis XVI est jeté en prison...
La seconde partie Les Années terribles, s'achève en 1794 après les exécutions de Louis XVI, Marie-Antoinette, Danton et Desmoulins.

Rédiger une critique sur ce film intitulé La révolution française et qui s'étend sur une durée de près de 6 heures, se révèle presque comme un défi à relever. Non seulement, je vais tenter de garder un point de vue des plus neutres (je n'ai ni la prétention et ni le savoir nécessaires pour pouvoir prendre un parti, que ce soit du côté de la famille royale ou des révolutionnaires) ; mais non seulement aussi, je vais essayer d'être bref et concis malgré ce contexte qui demande malgré tout une argumentation très construite et posée sur des évènements qui ont balancé la France dans une nouvelle ère et qui changea à tout jamais son visage.
Le film, réalisé en 1989, fut un projet d'Alexandre Mnouchkine, rendant ainsi hommage à cette période à l'occasion de l'anniversaire de son bicentenaire. 200 rôles, 30 000 figurants, 40 000 costumes et 185 jours de tournage environ ont du être nécessaire pour rendre plus vrai que nature cette période si complexe qu'est la révolution française. Ce travail titanesque, on le doit à Monsieur Enrico (pour la première partie) et Monsieur Heffron (pour la seconde). C'est évidemment sans compter sur les centaines d'heures qui ont du être nécessaires pour récolter les informations, les détails et les véracités historiques indispensables pour créer un véritable outil pédagogique sur pellicule. Parce qu'il ne s'embarrasse jamais d'adopter les différents points de vue des hautes personnalités comme Danton et Robespierre d'un côté, et le roi Louis XVI et Marie Antoinette de l'autre, parce que malgré sa longueur (elle aussi nécessaire) le film se révèle finalement toujours trop court pour toujours vouloir comprendre les évènements et ce qui a pu pousser ces gens à faire basculer le destin de la France dans le sang et les révoltes, parce qu'aussi il réussit à inclure les différents plan culturels, politiques et économiques et surtout parce qu'il casse toutes les idées reçues emmagasinées à l'école... En cela, et croyez-moi, nous détenons là un presque documentaire où nous n'avons jamais autant aimé apprendre notre Histoire. Le pari est amplement réussi.

La première partie est la plus calme. On pose les bases, nous faisons un tour à Versailles puis ensuite à Paris. Cracher sur le roi parce qu'il ne nourrissait pas son peuple est facile à dire. Il faut savoir que Louis XV lui a laissé un royaume déjà fort ensanglanté par son incompétence à être sérieux dans ces décisions politiques et préférant se défiler pour rejoindre ses maîtresses. Il faut savoir également qu'il y eut plus de morts affamés sous le règne de Louis XIV que sous celui de Louis XVI. De l'autre côté, le Tiers-Etat est fatigué de devoir subir les privilèges que connaissent la noblesse et le clergé. Le contexte résulte donc d'un grand-ras-le-bol qui se traînait déjà depuis des décennies et que la France éclate dans une révolution n'est finalement pas surprenante. Jean-François Balmer rayonne dans son rôle de roi dépassé par les évènements, et le choix de Jane Seymour pour Marie-Antoinette se révèle étonnant. Elle utilise une grande palette d'émotions palpables et la dégradation de son visage et de son corps au fur et à mesure que les années passent, sont perceptibles de façon effrayante. Cluzet, Brandaeur, Sam Neil... toutes des stars internationales qui imposent leur grand jeu d'acteur.
La seconde partie est résolument la plus saignante. Barbare, sanguinolente, vraie... on sent le Paris crade, qui pue le vice et les cachotteries, les multiples complots qui fit couper des têtes par dizaine sous la lame aiguisée d'une guillotine qui incarna tout un symbole (à la base, couper la monarchie absolue). On n'arrive à s'attacher à aucun des personnages finalement. Car un coup, on est compatissant puis d'une scène à l'autre, leur comportement nous révolte. Par exemple, Danton invite à le sympathiser pour sa volonté cachée de ne pas exécuter le roi mais bien ce système monarchique dans une future France républicaine. Ensuite, on assiste effaré aux évènements terribles des massacres de septembre 1792 où l'on voit qu'il en fut l'un des principaux instigateurs. Autre exemple, on voit une Marie-Antoinette qui dépense à tout va (sans se rendre évidemment compte que l'Etat n'a plus un sou et que son peuple crie la famine, dû entre autre au cocon étouffant de Versailles qui l'empêche tout contact avec la réalité). Et nous ne pouvons pas nous empêcher d'avoir la larme à l'oeil devant cette femme démunie qui perd mari, femme, amies, famille devant ses yeux et pire, qui est accusée d'inceste envers son propre fils, le Dauphin Louis XVII. Cette France schyzophrénique dresse sans le vouloir une auto-parodie où les opinions politiques et personnelles se contredisent et se contre-balancent systématiquement.
Voulant montrer le plus de personnages possibles en vu d'être le plus crédible possible (Hébert, Chambron, Bailly, Mirabeau, Fouquet, Samson, Lamballe...) la révolution française instaure un vrai savoir-faire dans sa force visuelle et auditive. Les non-afficionados de cette période se verront peut être un peu égaré face à tout cet étalage d'informations. Mais les moyens financiers facilitant la mise en chantier, c'est sans compte sur les costumes et les décors que le film peut se targuer d'être royal. Mnouchkine a vu les choses en grand, révélant une patience à toute épreuve pour avoir réussi à montrer en six heures impeccables ce qui aurait pu passer pour 30 heures faciles. Grâce à une maîtrise, une patience et un Amour envers notre Histoire qui se ressent à chaque instant de par la musique angélique d'Opéra qui introduit et conclue le film.

Voilà les principales lignes nécessaires pour vous rendre compte que ce film est à voir (ce qui exclue tous les débats, les réflexions et le besoin de creuser encore et toujours plus l'histoire de cette période). Ce film, sortie enfin dans les bacs grâce à une pétition qui a circulé !, est admirable sur tous les points. Beau, magistral, puissant... n'ayons pas peur des mots : La révolution française est à ce jour le meilleur film jusqu'à présent jamais réalisé sur cette période.

mercredi 10 juin 2009

Sunshine cleaning - critique -

Rose Lorkowski était la star de son lycée, qui sortait avec le capitaine de l'équipe de football. Elle est aujourd'hui une mère célibataire trentenaire qui élève seule son fils de sept ans et qui est femme de ménage. Quant à sa soeur Norah, elle habite toujours chez son père, un looser... Pour envoyer son fils à l'école privée, Rose doit trouver de l'argent vite. Elle accepte donc de nettoyer les maisons où a lieu de violentes morts...
Voici ce que l'on appelle un film léger qui donne du baume au coeur. Christine Jeffs, la réalisatrice, met les pieds dans le plat pour réaliser un petit film bien sympathique dans la même lignée que Little Miss Sunshine (en beaucoup moins bien tout de même), laissant ainsi place à deux stars montantes du grand écran : Emily Blunt et Amy Adams. Leur talent n'est plus à démontrer. Nous avions en effet déjà pu savourer le jeu subtil d'Amy Adams dans le récent Doute où elle partageait la vedette avec Meryl Streep, et le jeu comique de Blunt dans Le diable s'habille en Prada, en snobinarde superficielle. Dans Sunshine cleaning, on suit le parcours d'une famille américaine très moyenne qui tente de se sortir de leur bourbier financier en s'engageant dans le nettoyage des lieux post-mortem. C'est fin, les scènes se savourent sans faim, et malgré cette douce mélancolie qui absorbe les trois-quarts du film, on se délecte des scènes où apparaissent les deux soeurs car touchantes et drôles.
En revanche, l'apparition d'Alan Arkin n'a pas grand intérêt et ne vient ici que plomber l'ambiance (alors que son rôle dans Little miss sunshine se voulait indispensable dans la logique et l'évolution des évènements). Ce besoin d'éviter le bon vieux sentiment à deux balles qui résout l'histoire en un battement de cil, et cette volonté d'accorder son histoire avec l'intégrité de ses personnages donne à Sunshine cleaning une bouffé d'air frais, trop simple dans le fond peut-être (et parfois même un peu trop ennuyeux) mais qui a le mérite d'avoir, grâce à deux actrices confirmées, envers qui on s'attache dès le premier regard, une belle histoire qui donne le sourire. Conclusion : pas assez hilarant pour ma part ; et hormis les deux soeurs, des rôles à sous-emploi, Sunshine cleaning vous fera néanmoins passer un agréable moment de détente et de chaleur dans cette fabulette cynique. Il n'y a pas à dire, les films indépendants américains, c'est ce qui se fait de mieux en mieux.

mardi 9 juin 2009

mercredi 3 juin 2009

FUNNY GAMES (1997) - critique -

Une famille bourgeoise vient dans leur maison de campagne passer les vacances. Le jour même, un jeune homme vient demander des oeufs. Ceci sera un prétexte pour pouvoir avec son complice faire vivre un vrai calvaire au père, à la mère et à l'enfant...
On assiste, impuissant, à l'enfer que vit cette famille qui n'a rien demandé. Puis le couperet tombe : le générique de fin. Et là, on a rarement autant été satisfait qu'un film s'arrête, pour souffler un peu et reprendre nos esprits. FUNNY GAMES, entre chef d'oeuvre et film incompris : explications.
Michael Haneke, le réalisateur, tourneboule le spectateur. Car en effet, ce n'est pas le sien mais bien celui des tortionnaires du film. A l'aide de procédés inventifs, il ne manque pas une occasion pour nous faire comprendre qu'en regardant ces tortures psychologiques si insoutenables, nous faisons bel et bien partie malgré tout du camp des personnes qui jubilent et qui prennent plaisir à s'installer dans un fauteuil pour vivre un pur moment infernal dans le plus grand des voyeurismes. Honte à nous, il est vrai ; mais honte également à la race humaine, dépeinte ici dans une cruauté qui dépasse l'entendement. Les deux jeunes hommes, assassins tarés et pervers, nous clin-d'oeil et nous parlent : on est acteur. Mais on ne peut pas intervenir : on est spectateur. Le but d'Haneke est donc de nous amener à une réflexion très intéressante sur la violence au cinéma et aux films qui la banalisent (Haneke ne pardonnera jamais à Quentin Tarantino d'avoir esthétiser le sang). Dans FUNNY GAMES, rien n'est utilisé à outrance : le sang ici se fait rare. De fait, il reste et doit rester comme quelque chose de choquant et c'est en ce sens que FUNNY GAMES réussit le pari de nous le faire comprendre très habilement.
Dans une époque maintenant où voir sur l'écran des personnes se faire massacrer sans aucun motif ni argument derrière (les sagas Hostel et Saw par exemple...) devenant ainsi un presque divertissement pour les yeux, tendent bien à montrer que le public de nos jours n'est plus aussi rassasié voire ému par les excès de violence, devenus quotidiennisés. Bien loin est l'époque où l'on sursautait devant un Bela Lugosi en vampire sanguinaire ou devant un Nosferatu en noir et blanc : maintenant, c'est un cornet de pop-corn en regardant tripes et vomis...
Dans FUNNY GAMES, c'est l'histoire d'une barquette d'oeufs, c'est l'histoire d'un club de golf  et de sa balle... Toutes les scènes sans exception, toutes ces meurtrissures psychologiques nous émeuvent dans notre fort intérieur : cela va au père qui devient désespéré et qui hurle face au meurtre de son fils, à la mère qui n'a déjà plus d'âme, assise comme une bonne soeur à l'église à prier. Les tueurs sont dépourvus de conscience et le fait qu'on ne sait rien d'eux, qu'ils enchaînent leurs victimes comme des quilles de bowling (les voisins que l'on voit au début devaient sûrement vivre le même sort), qu'ils gantent leurs mains par précaution, qu'ils se montrent insupportablement mielleux et polis et qu'ils gardent toujours le sourire face à cette inhumanité dont ils font preuve, accentuent ce climat froid et tendu qui règne péniblement du début jusqu'à la fin. La musique classique, le portail qui s'ouvre comme par magie, la belle robe à fleurs de la maîtresse de maison ne sont ici que des leurres destinés à perturber encore plus davantage le spectateur. 
"La fiction a une réalité. Elle a autant de réalité que lorsqu'on la voit dans un film" dit l'un des tueurs à son acolyte à la fin. Ils se font également les critiques de ce débat, à savoir qu'il faut arrêter de croire qu'il faut arrêter d'être choqué par un film sous prétexte que ce n'est qu'un film ! Quand l'horreur est bien là, on ne peut la ressentir sinon la vivre. Et rien de plus humain que de continuer à être chamboulé devant pareille atrocité car c'est en cela que l'on prouve notre humanité.
Haneke signe donc un superbe film (les acteurs sont extraordinaires), culte et infiniment profond dans sa réflexion. Très violent dans les mots et dans les gestes, FUNNY GAMES nous baffe si fort qu'on a du mal à se relever dignement. On se sent coupable d'être venu, d'avoir vu mais de ne pas avoir vaincu. Ce goût amer restera comme l'une des plus belles preuves qu'un réalisateur puisse entreprendre pour le 7ème art : celle qui inculque une leçon si phénoménale qu'on lui en serait presque reconnaissant d'avoir du en passer à réaliser un tel film monstrueux pour ne jamais devoir à réveiller le monstre qui sommeil en chacun de nous...