mercredi 28 mai 2008

Six Feet Under - critique saison 5 -

Et voilà, l'inévitable arrive. Toute chose a une fin et se doit de finir. Même cette superbe série sur la mort et la vie comme elle n'est pas facile. Oubliez les petites faiblesses de la saison précédente, celle-ci surpasse tout. Je viens de finir l'ultime épisode Le Monde Attend, la larme à l'oeil, et vient d'éteindre le lecteur dvd, la main tremblante. C'est donc sur le coup de l'émotion que je rédige cette critique sur la saison 5, qui s'achève dans une violence émotionnelle inouïe, encore jamais vue sur petit écran, toutes séries confondues. Attention, chef d'oeuvre !
La saison s'ouvre sur un heureux évènement et nous retrouvons donc notre famille Fisher. Car oui, même si ce ne sont que des personnages entièrement fictifs, nous avons vécu près de leurs côtés pendant cinq années de leur vie, nous nous sommes identifiés à eux, et c'est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer être presque en face à des amis à qui l'on tient. S'ils tombent, on tombe avec eux. Les scénaristes, fiers de leur génie créatif, le savent et arborent dangereusement, dans la plus grande des maîtrises, des ficelles que nous tenons et que l'on tiendra pour toujours : les ficelles de nos vies.
Brenda a soif de renaissance et veut créer une nouvelle vie malgré (et elle le sait pertinemment) l'héritage psychotique de ses parents. Dans son douillet foyer, elle adopte sans difficulté Maya, la fille de Nate mais ne peut s'empêcher de penser au fantôme de Lisa qui rôde autour d'elle, tel la mouette qui picore son gâteau de mariage (réincarnation de Lisa ?). Tout cela est d'autant plus troublant qu'à l'annonce de sa grossesse devant une masse d'invités, un autre oiseau (bleu=signe de la miséricorde ?) fait son apparition, venant une nouvelle fois jouer les troubles-fêtes. Nate, qui subliminalement voit en cet oiseau l'esprit réincarné de son ex-femme, le tuera d'un coup de balai. Le message est clair : il fait comprendre à Lisa qu'il a enfin tiré un trait sur tout ça et qu'il veut mener sa nouvelle vie auprès de Brenda et de Maya. De plus, Brenda se montre plus enclave aux sentiments humains. Elle est elle-même étonnée de l'insensibilité qu'éprouve ses collègues psy au sujet de cas particulièrement éprouvants à supporter. Elle veut faire bonne figure à Nate, et joue le rôle de la ménagère qui mitonne de bons petits plats le soir.
Nate joue aussi les bons pères et veut le mieux pour Maya. Mais les disputes avec Brenda reprennent le dessus comme autrefois. Le vice et la vertu ne font plus bon ménage. Elle, a été élevé dans une éducation sans limites, Lui, a été élevé dans une éducation avec plein de limites. La passion sexuelle qui les animait ne suffit plus à créer une vraie relation sincère et fructueuse. Ce ne sera que plus tard que Nate se rendra compte que leur relation n'a plus d'avenir, et qu'au final, ils formèrent un couple qui ne s'est jamais réellement aimé. Il fait la rencontre de Maggie, la fille de Georges, avec qui il tisse un beau lien. Les silences et les sourires en disent parfois plus longs que les mots...
Ruth, elle, est au bord du gouffre : elle se revoit vivre les pires années de sa vie du temps où elle s'occupait de sa grand-mère cul-de-jatte car maintenant c'est Georges qu'elle doit assister, qui fit un séjour à l'hôpital psychiatrique en raison de sa dépression psychique. Elle est très en colère et est lasse de la gente masculine. Elle se force à rester auprès de Georges par pure compassion pour son état mental (le pauvre a perdu sa mère qui s'est suicidé devant lui alors qu'il n'était qu'un enfant. On le sait, Ruth ne le sait pas) mais se résoudra à l'éloigner de sa vie en lui prenant un nouvel appartement. Georges n'est pas dupe et accepte ce contrat (en lui disant cela, Ruth laisse tomber un sac de poêles et de casseroles comme pour se libérer d'un poids).
Claire, de son côté, est fâchée contre sa mère car cette dernière n'accepte pas les choix qu'elle adopte. Les tensions au sein de la mère et de la fille sont très palpables. Claire se montre de plus en plus égoïste, une gamine qui ne veut pas éclater sa bulle d'artiste ratée. Après sa relation avec le frère de Brenda, Billy, des plus désastreuses, elle ira travailler en tant qu'intérimaire dans une entreprise. Elle apprendra de ce monde qu'il est réellement étouffant (les plans sur les buildings donnent le vertige comme pour déstabiliser le spectateur). Le personnage gagne beaucoup en maturité car elle se rend compte de ses erreurs passées (elle revoit sa bande d'amis artistes et se rend compte qu'ils sont restés au point mort).
David et Keith forme dorénavant un vrai couple qui s'aime. Leur trame vient dans l'adoption d'un enfant et toutes les difficultés que cela entraîne lorsqu'on est gay. David craint que la personnalité violente du père de Keith ne fasse irruption chez ce dernier ; et Keith craint ne pas être à la hauteur dans la discipline qu'il souhaite instaurer.
La saison 5, tout comme la série, atteint un degré de perfection extrême. Elle se veut une expérience qui se vit, et que l'on doit ressentir. Rien de plus que ce season final spectaculaire et riche en émotions brutes. De véritables émotions, celles sans nom. Tous les acteurs sont tous plus extraordinaires les uns que les autres. Ils sont comme habités par leurs personnages. On s'accroche à eux pour ne pas les quitter, pour ne pas s'en séparer. Chacun d'entre eux ont pu voir une évolution majeure dans leur vie : Nate qui se rend compte que l'amour n'est pas dans le sexe passionnel, David qui accepte son soi homosexuel, Claire qui devient une adulte responsable, Ruth qui apprend à vivre avec son temps et qui devient une femme libérée et de moins en moins conformiste, et Brenda qui a enfin trouvé son équilibre intérieur. Alan Ball peut être fier de son travail d'orfèvre. Il a su créer un monde parallèle au notre en mettant en exergue tous les problèmes de la société et cette peur universelle et séculaire de la mort. A travers des sentiments finement exploités sans jamais rentrer dans le pathos, le larmoyant ou le glauque, il a su guider et construire un parcours narratif exceptionnel au sein d'une équipe talentueuse (merci à Thomas Newman pour sa musique et la sobriété de son générique). Attendez vous à exploser, à ce que vous fassiez rage avec vous même et votre conscience avec le dernier épisode qui ne laisse personne indifférent tant l'expérience qui nous est offerte est riche. Véritable traumatisme viscéral, les dix dernières minutes sont déstabilisantes au plus haut point, voire insupportables. Insupportables car terriblement et malheureusement vraies. On suit nos amis les Fisher jusqu'au bout, jusqu'à la dernière écriture du générique de fin. On les accompagne dans ce voyage final, dans ce tourbillon de pleurs et de crises de larmes. Avec un tragique évènement dont je ne divulguerais rien, le spectateur est ébranlé par ce qui se passe. Il est choqué par la manière dont cela intervient, et choqué par la manière dont cela est traité, car comme toujours, tout est brillamment écrit, réalisé, interprété... Il serait ridicule de dire qu'un film ou qu'une série, comme ici, puisse changer notre façon de voir ou de percevoir le monde, mais disons le franchement : Six Feet Under change et transforme la vie, notre vie et nous apprend à rire de la Mort comme elle est au finale, peu signifiante ; et qu'on ne trouve pas l'Amour, que c'est lui qui vient nous trouver. Et là où on sera éternellement reconnaissant auprès d'Alan Ball, c'est qu'après le visionnage de cette soixantaine d'épisodes de Six Feet Under, on en ressort heureux, et grandi à tout jamais comme si nous avions appris ce qu'est la Vie. Il ne reste plus qu'à la vivre pleinement, riche de tous ces enseignements, de toutes ces expériences, de toutes ces occasions manquées. Moi je dis : "Chapeau monsieur" ! Et merci pour tout.

vendredi 23 mai 2008

Les valeurs de la famille Addams - critique -

L'arrivée de Puberté, troisième rejeton de Morticia et Gomez, va semer la zizanie dans le clan Addams. Les soins dont on l'entoure excitent la jalousie de Mercredi et Pugsley qui vont tout tenter pour l'éliminer. Quant à sa nurse, Debbie, appétissante blonde, elle va faire tourner la tête de l'oncle Fétide...
Sur les conseils d'une amie, c'est avec grand plaisir que je sors cet article sur l'un des plus grands classiques de la comédie glauque américaine, j'ai nommé Les valeurs de la famille Addams ! Que de souvenirs, de rires à gorges déployées, si bien que la voisine devait taper du balai pour que je cesse mon vacarme. Ce film, à défaut d'être un film culte de chez culte, a le mérite de proposer une bonne tranche de rire comme rare sont les comédies de nos jours ! Nous suivons donc les pérégrinations de cette famille délirante et morbide une seconde fois. Un nouveau personnage (et pas des moindres !), Debbie Jelinsky, fait son entrée en scène et autant dire que l'actrice mérite à elle seule le détour, faisant presque de l'ombre aux autres tellement ces répliques sont juteuses, irrévérencieuses, énormes, cultissimes...
1 - "J'étais comment ?" (Fétide)
"Riche! tu m'regrettera j'espère..." (Debbie)
"Mais, tu as dit que tu allais revenir dans 10 minutes!!" (Fétide)
"Bien entendu..." (Debbie)
2 - "Alors, on fait l'amour ?" (Fétide)
(Debbie, à côté de Fétide) "Et bien, qui te dit qu'on est pas en train de le faire ?" (Debbie)
3 - "Fétide, avant que nous n'allions plus loin...j'ai un aveu à vous faire, je ne peux vous le taire plus longtemps...je suis encore vierge..."(Debbie)
"OH! vierge, ça veut dire quoi ? ..." (Fétide)
"Ça signifie que je n'ai encore jamais fait l'expérience... de l'amour physique..." (Debbie)
"Oh, comme avec une autre personne ? Ah..., alors Debbie, j'ai moi-même un aveu à vous faire...je l'suis aussi..." (Fétide)
"Mais avec ces yeux, avec ce charme, toutes les femmes doivent vous courir après!! -surtout les surveillantes dans les magasins..." (Debbie)
Son jeu et ses mimiques font à chaque fois mouche et on se tord les côtes tellement l'on rit devant le personnage et ses situations.
Évidemment, Angelica Huston, notre regretté Raul Julia et Cristina Ricci apportent leurs charismes et confèrent à la Famille Addams une famille machiavéliquement délicieuse. Ce qui peut passer pour de mauvais goût ou du glauque n'est en réalité qu'un support pour permettre au réalisateur de déployer sa capacité à rire de la mort et en creusant bien, y voir un hymne à la tolérance. S'habiller en noir et se mettre en marge de la société est immédiatement catégorisé comme "marginal". Triste constat de penser ça surtout quand on voit les dégâts que peut causer une société pour transformer quelqu'un pour qu'il soit à sa convenance. Bref, tout le monde doit être comme tout le monde pour espérer se faire une place (voir les scènes au camping Chippewa : les marginaux d'un côté (handicapés, gens de couleurs, enfants enrobés) et les clones de l'autre (blonds, sveltes, habillés de la même façon). Cependant, il y a toujours des "intrus" : le rejeté Jöel (brun) est en fait débordant de gentillesse et de timidité (non pas comme les Addams si je puis dire) et Debbie (blonde platine et habillée chic tendance) est une véritable folle dingue qui explose les gens qui se mettent en travers de son chemin. En fait, si la Famille Addams fait peur à son entourage, ce n'est pas parce qu'elle côtoie la mort dans son quotidien ou parce qu'ils vivent dans un manoir lugubre, c'est uniquement parce qu'elle ne fait rien comme les autres et qu'elle mène une vie qui n'est pas conforme à l'idéal de la société.
Les valeurs de la Famille Addams est un vrai festival de gags à consommer sans modération où la réalisation est impeccable et où chaque plan, chaque réplique n'est jamais laissée au hasard (amusez vous à mettre pause à chacune des scènes !)). L'on retiendra pour toujours les scènes inoubliables et irrésistibles de Debbie Jelinsky (merci à Joan Cusack qui ne m'a jamais autant fait rire dans une comédie), experte en folie et veuve noire incontestée aux plans pas nets.

Six Feet Under - critique saison 4 -

Annonçons le dès le départ : cette saison 4 reste la moins bonne des cinq. Non pas qu'elle soit mal écrite (loin de là, comme toujours), non pas qu'elle soit mal jouée, mais parce qu'on se perd parfois dans quelques stérétoypes. Mais rien de bien méchant. Explications.
Nous avions quitter Nate dans une grande détresse émotionnelle (Lisa sa femme est décédée). Ainsi, toute la saison 4 raconte son deuil et son parcours reconstructif. Il a besoin de souffrir pour se libérer du poids de culpabilité qu'il ressent face à ce drame, et essaye tant bien que mal de sortir sa tête de l'eau. En vain... Il quitte les pompes funèbres, n'arrivant et ne supportant plus de canaliser le chagrin de ses clients. Il part dans des petits boulots, et concentre toute son énergie à l'éducation de sa fille Maya. Il retentera sa chance avec Brenda, acceptant l'idée qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre.
Brenda, de son côté, continue sa désintoxication du sexe. Elle rencontre son voisin lynchien Joe (Justin Théroux) et s'efforce de vivre avec lui une relation standard agrémentée d'une sexualité standard. Sauf que Brenda n'a rien de standard. Moins barrée et complexe qu'auparavant (elle parait presque guérie et apte à assumer ses problèmes de névrosée), elle continue ses études et mène donc sa petite vie d'autre Brenda. On la sent mieux dans sa peau.
La saison 4 a davantage mis l'accent sur le personnage de Rico, l'assistant des Fisher. Son parcours est ici chaotique : besoin de voir ailleurs, conséquence de l'adultère. C'est l'explosion de sa bulle familiale et en cela la saison 4 a bien été ficelée car elle nous permet enfin de voir des scènes entre Rico et les membres de la famille Fisher dans une grande intimité.
Ruth, à l'instar de Brenda, mène une nouvelle vie. Mariée et comblée, elle voit en Georges un époux parfait... avant qu'elle ne se rende compte qu'il n'est rien de tout ça. Progressivement, elle se sent exclue voire rejetée par son mari. Mais contrairement à Nathaniel senior, elle manifeste son mécontentement et sa colère chaque fois que quelque chose dans le comportement de Georges la déroute. Elle veut rencontrer le passé de son mari, alors que celui ne le veut pas. Elle a épousé un homme qu'elle croyait connaître alors que celui-ci combat ses propres démons intérieurs.
Claire se veut dans cette saison être une fille complètement paumée. Elle voit dans l'art une excuse à la consommation de drogues pour tenter de trouver dans ce domaine des manifestations inconnues. C'est "clair", on ne la reconnaît plus. Elle est agressive, devient pendant un temps homosexuelle, et fait rage contre les piques acerbes de Russell, son ex. Devenue autonome, elle vit dans le pavillon de sa maison, qui se transforme en vrai chantier hippie combinant sexe à plusieurs, alcool et marijuana.
Enfin la relation entre Keith et David prend une tournure très malsaine. Ils acceptent de se remettre ensemble tout en autorisant l'un comme l'autre d'avoir des dérapages en allant voir ailleurs. L'innocence de David sera perdue à jamais avec l'épisode le plus foudroyant et violent de Six Feet Under "That's my dog" où beaucoup dans sa personnalité changera. Comment se reconstruit-on après une agression ? Doit-on voir en cela une leçon de la vie, ou bien quelque chose qui permet d'évoluer et de gagner en maturité ?
La saison 4 a donc du mal à démarrer et se perd beaucoup dans le sexe et la drogue à outrance (facette réelle de notre société). Chacun ici a ses fantômes : Georges et ses six anciennes femmes, Rico et sa maîtresse de passage, Nate et feu Lisa... Je parlais tout à l'heure de stéréotypes. En effet, le passage de "Il faut être défoncé pour atteindre les magnificences artistiques", "le passage forcé dans l'homosexualité" ainsi que "le passage forcé dans l'hétérosexualité" (Keith et son dérapage avec la starlette) auraient pu être évités... Même si on comprend que Claire voyait en sa copine Edie une muse artistiquement et esthétiquement sexuelle, on ne comprend pas en revanche sa virée éphémère dans le lesbiennage. On tolère toutefois les scénaristes qui ont concentré beaucoup d'efforts dans l'évolution des personnages de Ruth, David et Brenda. Ruth est maintenant une femme qui s'impose et se fait obéir (merci Bettina), David redevient un petit enfant replongé dans ses peurs les plus refoulées et Brenda devient une femme vulnérable avouant qu'elle souhaite finalement ce que toute femme souhaite en ce monde : une maison, un mari et des enfants. Elle cesse de se plaindre de sa famille détraquée car elle a réussi à prendre beaucoup plus de détachement envers elle.
Malgré donc ces quelques faiblesses, cette saison 4 se révèle néanmoins excellente. Il est toujours aussi difficile de rédiger une critique sur une série comme Six Feet Under car il y a tellement à dire, à commenter, à faire partager que c'est tout bonnement impossible d'être complet... Les nombreux rêves, hallucinations et cauchemars qui peuplent ces douze épisodes sont extrêmement intéressants (subconscient qui travaille sans relâche) et intraduisibles avec les mots sinon de les prendre un par un et de voir le pourquoi du comment. Ce qui est sûr, c'est qu'à ce stade, chacun a su trouver son attachement envers les personnages (avec ses préférences). Et quand on sait qu'il ne reste plus qu'une saison sur cette série qui arbore de manière la plus intelligente qu'il soit, la vie telle qu'elle est, on frémit à l'idée de savoir ce que les scénaristes et Alan Ball ont pu nous concocter pour le final. Ce qui est sûr, c'est que nous ne ressortirons pas indemne de cette expérience infiniment mature et bouleversante de vérité...

jeudi 22 mai 2008

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal - critique -

Quatrième volet des aventures de notre Indiana international ! 1957 : en pleine guerre froide, Indiana échappe de justesse à des soviétiques qui l'avait kidnappé pour mettre la main sur une étrange relique. De retour à l'université, il rencontre Mutt, un motard pré-pubère qui lui propose de partir à la recherche du mystérieux crâne de cristal d'Akator, qui constituera sans doute la plus grande trouvaille archéologique.
Résumer le scénario dans ces quelques lignes seraient une erreur de ma part car je préfère vous laisser découvrir par vous même toute sa richesse. Après "La dernière croisade" réalisé vingt ans plus tôt, on retrouve donc le flegme du légendaire Indy. Et attention les yeux ! Les mauvaises langues vont diront sans doute que ce film les a déçu, ne retrouvant pas la quintessence magique des précédents opus. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Spielberg a fait renaître son personnage sur grand écran après toutes ces années, et a pris le risque de toucher à sa propre trilogie pour en faire un épisode supplémentaire. Et c'est tout à son honneur. De plus, le commence-à-se-faire-vieu Harrison Ford a accepté de jouer en rendant hommage à l'un des plus grand aventuriers du grand écran ! Et autant dire d'emblée que les deux heures se mangent comme un quatre-quart au goûter : d'une seule traite ! On retrouve tous les ingrédients : aventure, aventure, aventure, cascades, poursuites, humour, décors grandioses.... et plus encore : des petits clins d'oeil disséminés ça et là. On retrouve aussi les grands thèmes de John Williams, mais aussi quelques nouveautés : nouvelle mission, nouveau méchant, nouveau continent. Cate Blanchett campe une soviétique ukrainienne très froide, mais assez peu charismatique au final. Et le Shia Leboeuf tente de remplacer la présence de Sean Connery, sans grand succès... Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est à prendre pour ce qu'il est : un pur divertissement où l'on en prend plein les yeux et où l'on rigole bien. Car dans tout film d'aventures qui se respecte, il y a bien évidemment de grosses incohérences scénaristiques et cet Indiana Jones n'y échappe pas. Bref, rien de bien méchant à reprocher à ce volet si ce n'est une fin carton-pate bidon et grotesque, indigne de Spielberg qui a voulu peut être reproduire un trip Rencontre du troisième type de mauvais goût... Harrison Ford n'a rien perdu de sa forme (hormis des signes évidents de vieillesse, vingt ans ça ne sa cache pas !) et nous fait plaisir une ultime fois dans cette aventure puissante et extraordinaire : des effets visuels renversants, des paysages à se damner. Et en plus, la prochaine génération sera à coup sur verte de jalousie de voir que nous avons eu la grande chance d'avoir pu visionner sur grand écran un épisode d'Indiana Jones. Car, et prions le fortement, espérons que monsieur Steven ne poussera pas son produit marketing jusqu'au bout en réalisant un cinquième volet.
Tatataaaaaaa Tatatadaaaaaa !!! Tatataaa Tatatataaa !!!

lundi 19 mai 2008

Enfances - critique -

Six anecdotes, six films qui s'enchaînent, une échappée dans l'enfance, celle d'auteurs renommés ayant marqué de leur style l'Histoire du cinéma. C'est sur l'histoire de ces cinéastes que s'arrêtent ici de jeunes réalisateurs, ces petites histoires enfantines décidant parfois de toute une vie et venant ainsi éclairer leurs oeuvres. Des histoires qui se croisent pour ne plus former qu'un seul et même film sur l'enfance, baignée de blessures, de frustrations, de rencontres...
Ainsi se résume "Enfances" : un petit patchwork des vies de grand cinéastes qui ont marqué le XXeme siècle. Mais bien que morcelé, le film est bien organisé : 2 histoires plutôt tristes, 2 autres qui sont plutôt joyeuses, et 2 plutôt effrayantes, voire violentes. Les enfants acteurs se dotent d'une composition étonnante pour leur âge (le petit qui joue Fritz Lang en tête) et leurs anecdotes sont très intéressantes à voir ne stresse pour se rendre compte à quel point elles ont pu les influencer dans leurs personnalités. Toutefois sans vouloir être tatillon, il existe à mon sens deux principaux défauts que l'on pourrait reprocher : le manque de musique, apportant ennui et lourdeur par moments (l'épisode de Jean Renoir) ; et le fait que toutes les histoires furent tournées en langue française et non pas dans la langue des cinéastes, décrédibilisant tout contexte (Fritz Lang est autrichien, Orson Welles américain, Hitchcock anglais et Bergman suédois).
Des six courts métrages, j'ai eu trois coups de coeurs. Le premier est celui de Jacques Tati. Depuis petit, il est déjà à l'écart de la réalité, des autres, et se perd en jouant dans un univers construit autour de symboles. Sa grandeur physique prématurée lui a permis de voir au delà de ce que tout enfant ne pouvait voir : l"horizon de son propre monde.
Ensuite, c'est l'épisode d'Hitchcock que j'ai beaucoup apprécié. Filmé dans un beau noir & blanc, on se rend compte d'où lui est venu son inspiration "machiavélique" de Psychose. On retrouve les ingrédients du film : manoir glauque, mère bigote et cruelle, et le soir d'orage.
Enfin, l'histoire de Ingmar Bergman est sans doute la plus terrifiante, venant ainsi clore le film. Il est lui aussi en proie à une force maléfique (non pas sa mère mais son grand frère ici), et finira par se rendre compte de ses actes, et la monstruosité dans laquelle il a failli se perdre à tout jamais.
"Enfances" est, malgré quelques longueurs, un beau petit film sur les bonheurs et malheurs de l'enfance, ou de l'innocence parfois perdue, ou non vécue... Le film nous pousse à en savoir plus sur chacun de ces grands hommes qui ont révolutionné le septième art. Un hommage dans un hommage.

dimanche 18 mai 2008

Introduction au guide Tom-Tom de Paris

Avant que je ne m'attelle à la très lourde et longue tâche de commenter la plus belle ville du monde quartier par quartier (j'y arriverai), faisons un petit tour d'horizon de la capitale de manière....très naïve avec le petit plan ci-dessus ! Bien sur, encore une fois, ce ne sera que très subjectif. Profitez-en donc pour commenter à votre tour vos coups de coeurs de ces lieux (ceux uniquement affichés sur la carte pour l'instant). C'est parti !

1er arrondissement
Le Louvre : un incontournable de Paris. Perso, je ne supporte pas la pyramide en verre, qui gangrène à mon goût la sompteuse place où elle est située. La confrontation classique/moderne n'a jamais été aussi laide. Mais en dessous de vos pieds, abrite l'un des plus fantastiques, mythiques et superbe musée du monde qui regroupe des vestiges.

Conseil de parisien => Allez-y le vendredi soir, c'est gratuit pour les moins de 26 ans et il y aura moins de monde (mais vous n'échapperez pas au raz-de-marée de touristes).

Le jardin des Tuileries : Annexé au musée, ce beau jardin reste toujours magnifique, avec ces belles allées et ces belles fontaines.

Concorde : LA place qui reflète le Paris que tout le monde aime.

Conseil de parisien => Evitez le Vélib' si vous tenez à votre vie.

3ème arrondissement
Beaubourg : l'un de mes quartiers préférés. Que des petites rues étroites, et sinueuses. Un Paris presque piéton où l'on découvre toujours des choses au fur et à mesure qu'on y retourne.

Conseil de parisien => Faites une escale aux Marroniers ! Plats garnis et prix petits !

4ème arrondissement
Notre Dame de Paris : un monument qui, hélas, est devenu un honteux piège à touristes (et toutes les brasseries/cafés/bars l'avoisinant). Mais son architecture, son élégance, sa majesté qui surplombe l'île de la cité, son histoire et ses anecdotes font de Notre Dame de Paris l'une des doyennes de Paris.

Conseil de parisien => Evitez le Vélib' sur les trottoirs, les policiers se cachent derrières les buissons. N'est ce pas Nico ? :)

6ème arrondissement
Le jardin du Luxembourg : l'idéal pour les piques niques entre copains, avec plein de magasins tout autour. Un petit havre de paix en plein coeur de Saint Michel. Le pied pour les petites ballades ensoleillées.

7ème/15ème arrondissement
La Tour Eiffel : est-il utile que je la cite ? :) Elle est indétrônable proposant une vue spectaculaire
sur tout Paris. Elle EST Paris.

Conseil de parisien => Grimpez la tour par les escaliers !

8ème arrondissement
Les Champs Elysées : un brin prétentieux à mon goût, cette avenue n'a rien de transcendant sinon qu'elle propose des boutiques ultra-chics et tape-à-l'oeil. Trop large, trop de trop, les Champs Elysées est agréable le temps d'une heure ou deux. Après, on s'ennuie bien vite ! Mais en terme d'esthétisme, elle est magnifique.

9ème arrondissement
La Place de la madeleine : on y renifle un doux parfum de vieux Paris entre les macarons de Ladurée, et les éclairs de Fauchon. Très bourgeois, on y dégote toutefois de bons restos à bas prix vu le quartier. On s'y sent comme un poisson dans l'eau.

Opéra : aussi connu que la Tour Eiffel, le quartier est somptueux. Entre le Printemps, les galeries Lafayette, le rue Mogador, la café de la Paix, Haussmann, j'en passe et des meilleurs, c'est ici qu'on prend conscience que Paris n'est pas si grand que ça.

Conseil de parisien => Déjeunez au square Pasquier pour échapper à la foule.

11ème arrondissement
Bastille : très belle place, imposante, et classe. Plein de restos "entre jeunes", un opéra, plein de musées : le quartier est très tendance.

14ème arrondissement
Parc Montsouris : un peu moins charismatique que le jardin du Luxembourg, ce parc reste néanmoins l'un des plus beaux avec ces nombreux jardins anglais.

17ème arrondissement
Parc Monceau : un petit poumon vert en plein rive droite. Beau petit parc avec sa petite mare. Il y a rarement autant de monde qu'au Luxembourg.

18ème arrondissement
Montmartre : je vais écrire que deux ou trois lignes sinon je vais m'enflammer. Que dire que c'est le quartier le plus exceptionnel, et le plus Paris de tout Paris ? On aime son ambiance populaire (bien que très bobo récemment), et son côté village. Maman, si tu lis ces lignes...

Conseil de parisien => Descendez à Lamarck plutôt qu'aux Abbesses. Vous ferez ainsi le haut puis le bas (et pas le contraire!)

19ème arrondissement
Parc des Buttes Chaumont : le plus grand poumon de Paris. Le parc est fantastique à tout point de vue. Beau, impressionnant, idéal pour le photographe en herbe, il est situé dans le plus beau quartier de l'arrondissement. Le seul endroit de Paris où lorsqu'on sort du métro, on sent le parfum des arbres.

Conseil de parisien => Amenez une serviette près de vous. Au moindre rayon de soleil, installez vous sur une pelouse pour vous dorer la pilule ! Et si vous n'avez pas encore été satisfait par le côté vert, perdez vous dans la rue de Mouzaïa.

mercredi 14 mai 2008

Open bed - critique -

Bonne surprise que ce Open Bed ! Pendant 1H30, nous suivons le parcours de 2 couples et autres personnages autour d'un lit, et d'un bar. La pièce mélange théâtre pur et comédie musicale. Les passages musicaux sont très réussis, les acteurs s'en donnent à coeur joie, et nous aussi. On tenterait même de les rejoindre sur scène pour s'éclater avec eux! Si on creuse un peu en profondeur (bien que la pièce est à prendre au 2nd degré), il nous est dit qu'une relation amicale et une relation amoureuse peut parfois paraître très ambiguës. Au détriment de l'orientation sexuelle de tout à chacun, on se rend compte (comme il est dit à plusieurs reprises par les personnages) que l'homme n'est véritablement pas 100% hétéro, ou 100% homo. En conclusion, tout homme est amoureux non pas d'un sexe, mais d'une personne. Ce débat, qui peut chatouiller certains, n'est pas si idiot que ça. Si une femme se sent si bien avec une autre femme, qu'elle partage avec elle des moments et des sentiments qu'elle n'a pas avec son petit copain, pourquoi ne pas admettre une certaine bisexualité ? Pas forcément sexuelle, mais plutôt affective. En cela, la pièce est donc bien écrite avec beaucoup d'humour et de légèreté au service de bons acteurs et de beaux jeu de lumières. Laurent Ruquier peut être fier de sa mise en scène. ( Applaudissements )

lundi 12 mai 2008

L'idée reçue du jour

NON, Paris n'est pas noir de monde un jour de grand soleil, sous un ciel bleu, pendant un jour férié !

dimanche 11 mai 2008

La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier - critique -

Delf, au XVIIeme siècle, la jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Elle s'occupe du ménage et des enfants en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Surtout quand le peintre Vermeer voit en elle le modèle de sa prochaine toile...et qui deviendra la Joconde de Hollande.
Voilà un roman des plus envoûtants... Dans une écriture à la fois belle et simple, Tracy Chevalier imagine l'histoire de cette supposée servante qui aurait mis une pagaille incroyable dans la famille des Vermeer. Près de 300 pages qu'on lit d'une traite ! A mi-chemin entre le roman et la biographie, La jeune fille à la perle est à lire comme le fantasme d'une écrivaine qui voulait bousculer ce petit monde social avec les bourgeois d'un côté (Vermeer) et le peuple de l'autre (Griet). On se rend compte que le XVIIeme siècle en Hollande revient précisément à notre époque : toujours ces stupides banquets où l'on étale sa richesse et les bonnes qui récurent les assiettes dans la cuisine chez les nantis. Puis Griet arrive. Personnage trouble, complexe, et d'un charme fou, elle fascine le peintre tel une Muse. On ressent son malaise en lisant les pages face à la situation : m'abandonner dans l'univers sans retour du peintre ? ou ne pas oublier mes valeurs, celles d'une fille pauvre vivant dans un milieu où la peste court les rues ? Difficile de faire un choix selon Griet. Si elle travaille chez les Vermeer, c'est avant tout pour subvenir aux besoins de sa famille, et dès lors où le scandale éclate, elle perd tout lien avec elle. Elle est coincée dans un schéma érotique : ce n'est pas la stature sociale et la réputation de Johannes Vermeer qui l'attire mais sa faculté à voir une autre réalité : celle des couleurs, et de l'importance géographique que prend un objet dans une pièce. Car Griet est pareil que lui, le talent artistique en moins. La femme de Vermeer en sera verte de jalousie et verra en Griet une personne capable d'empoissonner l'amour que porte son mari envers sa propre personne. L'histoire de la "perle" en sera le point culminant. C'est donc dans un style très enchanteur que Chevalier nous amène à adorer et détester ses personnages. Sa personnalité vibre à chacune de ses pages. Et son histoire est très belle, unissant l'amour d'une domestique-élève à son patron-maître. On y voit aussi beaucoup de symboles qui planent : la rose des vents en est le meilleur exemple. Griet commencera et finira son voyage sur elle. Quelle direction prendre ? Où me mène mon destin ?
La jeune fille à la perle, ou un roman hypnotique comme on les aime.

jeudi 8 mai 2008

Mémoires d'une geisha - critique -

Quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, Chiyo, une petite fille japonaise, est arrachée à sa famille pauvre pour aller travailler comme servante dans une maison de geishas. En grandissant, elle se plie avec docilité à l'initiation difficile qui fera d'elle une vraie geisha. Elle triomphe des pièges que lui tend sa rivale, la fourbe Hatsumomo et devient, après des années de travail, la légendaire Sayuri. Très belle, épanouie dans son art, elle fascine les hommes les plus puissants. Mais celle qui n'a plus le droit d'aimer reste hantée par l'amour qu'elle porte, en secret, au seul homme qu'elle ne peut atteindre...
Difficile de commenter 2h20 de pure beauté. Le film est à regarder comme une véritable peinture vivante qui décrit le Japon des années 30 et plus particulièrement l'univers des geisha. On sent la minutie dans les moindres plans et le souci du détail dans chaque décors et costumes : des atouts au service d'une réalisation impeccable. On se fiche pas mal des actrices chinoises qui jouent des japonaises, et le fait que le film fut tourné dans la langue de Shakespeare : Mémoires d'une geisha se doit d'être regardé comme un contrepoint aux idées reçues que se fait l'occidental moyen sur les geisha. On apprend, on se cultive, on savoure chaque minute qui passe. Et sur grand écran, la magie opère son charme. On n'a jamais pris autant de plaisir d'être noyé sous cet amas de culture si différente de la nôtre. Le film est divisé en deux parties : avant et pendant la guerre. Avant : un Japon magnifié par ses traditions, fier de sa richesse culturelle. On suit le parcours d'une petite fille qui grandit et qui, contre toute attente, prend son destin en main et devient la légendaire geisha Sayuri. Pendant : un Japon colonisé par les Américains, qui imposent une culture dans une culture et efface toute authenticité du Japon d'Autrefois. Le réalisateur Rob Marshall n'hésite d'ailleurs pas à pointer du doigt son propre pays, qui a pendant la guerre fait disparaître à tout jamais une atmosphère et une manière de vivre que le Japon ne revivra plus. Enfin, la musique de John Williams est tout bonnement splendide. Elle sillonne le film comme une ombre, et donne beaucoup d'intensité aux scènes qui le constitue.
Être geisha, c'est avant tout être femme qui, à défaut de vivre sa vie en toute liberté, doit subir des concessions qui la dépasse : interdiction d'aimer, de faire honte à sa famille. Et c'est en cela que le film n'est parfois pas toujours très rose : elles vivent constamment dans la rivalité, sous pression, et ne doivent jamais faire savoir qu'elles sont opposées aux idées de ces supérieurs. "On ne devient pas geisha pour s'épanouir, se trouver. Si on devient geisha avant tout, c'est parce qu'on n'a pas le choix".
Pour conclure, je dirais simplement que ce film mérite d'être vu pour ce qu'il est : un magnifique divertissement qui éveille tous nos sens.

L'idée du reçue du jour

NON, Paris n'est pas un endroit où l'on suffoque en plein été sous prétexte qu'elle est une grande ville !

mardi 6 mai 2008

La photo du jour

Étant un citadin pur souche, je dois avouer que la nature nous réserve parfois de ces merveilles. Comme ci-contre. C'était il y a quatre ans, dans notre maison de campagne, et en sortant sur le balcon, j'aperçois le soleil qui vient peindre la rosée fraîche du matin. De quoi me mettre de bonne humeur pour toute la journée !

L'idée reçue du jour

NON, le Bois de Boulogne n'est pas un endroit crapuleux, uniquement peuplé de prostituées !

lundi 5 mai 2008

CD "Floating into the night" de Julee Cruise (1990)


1. Floating
2. Falling
3. I Remember
4. Rockin Back Inside My Heart
5. Mysteries Of Love
6. Into The Night
7. I Float Alone
8. The Nightingale
9. The Swan
10. The World Spins
10 musiques, 10 merveilles ! Julee Cruise, qui fut révélée en grande partie grâce à son "Falling" qui constitua le générique de la série Twin Peaks, possède une voix très particulière, et confère à ses chansons des mélodies tout droit sorties de l'univers des anges. Pour celui qui est sensible aux musiques d'atmosphère, et qui cherche à se détendre tranquillement chez lui par une soirée d'orage, ce CD est fait pour vous. On plane, c'est le mot. Petite préférence pour "Falling", "Rockin Back inside my heart", "Mysteries of love" et "The world spins" :) Incantatoires et magiques, les ballades de Julee Cruise invitent à l'évasion. Parce qu'elle le vaut bien (air connu !).

American beauty - critique -

Une maison de rêve, un pavillon bourgeois discrètement cossu dissimule dans une banlieue résidentielle, c'est ici que résident Lester Burnhamm, sa femme Carolyn et leur fille Jane. L'agitation du monde et sa violence semblent bien loin ici. Mais derrière cette respectable façade se tisse une étrange et grinçante tragi-comédie familiale ou désirs inavoués, frustrations et violences refoulées conduiront inexorablement un homme vers la mort.
American beauty, c'est un peu le genre de film que l'Amérique dénigre. Il traite des failles du système américain comme celui de l'"American way of life" : ce mode de vie idéalisé qui n'existe tout simplement pas, et dont la seule chose que l'américain conservateur puisse faire pour le sauvegarder c'est d'en montrer ses apparences, signes extérieures de richesse. Le film propose de nous plonger dans une famille bourgeoise : on la suit dans leurs moment les plus intimes jusqu'au point de chute. On évite tout stéréotype : ici c'est la femme qui commande. Elle castre son mari comme elle coupe la tige de ses roses rouges, et a la main mise sur sa maison, où chaque objet est savamment étudié pour épater l'invité (=le spectateur ?) de par son coût et sa beauté. Seulement la beauté n'est jamais là où on croit qu'elle est. La beauté, dans le film, c'est Lester, le père de maison. Il souffre de cette vie routinière sans saveur jusqu'au jour où il rencontre Angela, l'amie de sa fille. Il en tombe immédiatement amoureux. Cette relation que l'on pourrait penser vulgaire de par la différence d'âge qui les sépare n'est en réalité pour Lester le seul moyen de s'évader dans un tourbillon de beauté et d'amour. La beauté n'est pas tant celle que nous voyons, mais plutôt à travers de celui qui la perçoit. De plus le film met constamment en garde le spectateur par le rouge, omniprésent. Il montre que cette couleur peut aussi bien symboliser un instant de pure magie (les pétales de roses), qu'un instant purement sexuel (Angela qui prend son bain), ou encore qu'un instant de mort (celle de Lester). Le sang ici ne choque pas, mais est artistique. En cela, la photographie est fantastique car elle constitue un personnage à part entière (le film en a reçu un oscar). Les gens que l'on croit dans l'ombre sont en réalité des êtres qui tentent de trouver la beauté là où personne ne peut la chercher, trop occupé à conserver leur apparence. En cela, le voisin que l'on pense glauque au début, et voyeur de surcroît, se révèle étonnamment beau intérieurement : il filme la vie autour de lui pour mieux s'en imprégner et remarquer s'il y a des choses que l'oeil de sa caméra voit que lui ne peut pas voir. A l'inverse, Angela, que l'on pense être une bombe de charme et d'élégance n'est en réalité qu'une petite fille timide et réservée, qui a peur d'être jugé et qui se contente de ne montrer ses signes physiques de beauté. En ce qui concerne Caroline, la mère de la famille, elle est tout aussi perdue que son mari. Seulement, elle ne le manifeste pas. Et c'est la raison pour laquelle, au lieu de venir en parler à son mari et d'essayer d'arranger la situation, elle le trompe et se prend des cours de tirs. Au final, tout le monde est une victime. Victime d'eux mêmes, de leurs propres choix, et de leurs engagements. L'art de cacher l'éléphant dans la pièce ne constitue pas en soi un mode de vie, et c'est en cela qu'American beauty touche juste, que ça plaise ou non. Ils ont beau avoir tout pour être heureux : une belle maison, un beau quartier, une belle situation ; si on ne sait pas vivre avec les uns et les autres, c'est que tout ce cadre idyllique n'est qu'une enveloppe, qui ne satisfait personne au bout du compte. Tout le monde l'a compris, mais à la toute fin quand un évènement ne permet plus de revenir en arrière. Ainsi, on réalise que nous sommes très loin d'être parfait et qu'American Beauty nous pousse à changer certains de nos comportements pour mieux blanchir le contenu de nos âmes.

jeudi 1 mai 2008

Foire du trône

Prolongée jusqu'au 25 mai à la Porte dorée, la foire du trône a toujours fasciné les petits et les grands en quête de sensation forte, et de sucreries ! Je me suis rendu sur place à deux reprises avec des copains : impressions à chaud.
Ce qui est déroutant quand on se rend à ce genre de foire (que j'appellerai plutôt fête), c'est la foule qui peut se trouver sur place. Allez-y un samedi ou un dimanche, et vous y réfléchirez à deux fois d'opter pour une assurance vie. Comprenez par là qu'on vous bouscule et vous piétine à tout va...sans la moindre excuse la plupart du temps, bien évidemment. Mis de côté ce défaut majeur, force est de constater qu'on s'amuse bien.
Les nombreux stands qui exposent des vitrines de sucreries multicolores, et les classiques Barbe-à-papa ne peuvent laisser indifférent que celui qui n'aime pas s'abandonner aux plaisirs de l'enfance :) (en gros les rabats-joies)! Les forains sont accueillants, et gardent toujours le sourire : on en redemande. Il y en a pour tous les goûts : ça va de la mare aux canards aux attractions les plus folles dont il est recommandé de laisser son coeur au vestiaire! Amateurs de sensations vertigineuses, vous serez servi ! Petit bémol : avec le passage à l'euro (ainsi que notre récente inflation, chanceux que nous sommes), les attractions demandent parfois de payer une somme quelque peu honteuse pour un temps limité (5 euros pour 1m10s, c'est très moyen). Les forains se frottent les mains, et nous le portefeuille... La sécurité, quant à elle, ne constitue pas une légende de la foire (beaucoup de policiers à l'entrée, ça refroidit). Déplacez vous entre amis, et gardez toujours votre sac près de vous.
Par un après midi de gros soleil, au lieu de vous faire bronzer comme un homard sur la pelouse d'un parc, tentez plutôt l'expérience "foire du trône". Toutes ces odeurs sucrées, et ces attractions en grand nombre vous séduiront à coup sûr. Sinon, si vous n'aimez ni la foule et ni le bruit, préférez aller boire le thé avec votre grand-mère dans son jardin. Mais il n'y aura pas de guimauve en retour... Ahhh les guimauves !