Six anecdotes, six films qui s'enchaînent, une échappée dans l'enfance, celle d'auteurs renommés ayant marqué de leur style l'Histoire du cinéma. C'est sur l'histoire de ces cinéastes que s'arrêtent ici de jeunes réalisateurs, ces petites histoires enfantines décidant parfois de toute une vie et venant ainsi éclairer leurs oeuvres. Des histoires qui se croisent pour ne plus former qu'un seul et même film sur l'enfance, baignée de blessures, de frustrations, de rencontres...
Ainsi se résume "Enfances" : un petit patchwork des vies de grand cinéastes qui ont marqué le XXeme siècle. Mais bien que morcelé, le film est bien organisé : 2 histoires plutôt tristes, 2 autres qui sont plutôt joyeuses, et 2 plutôt effrayantes, voire violentes. Les enfants acteurs se dotent d'une composition étonnante pour leur âge (le petit qui joue Fritz Lang en tête) et leurs anecdotes sont très intéressantes à voir ne stresse pour se rendre compte à quel point elles ont pu les influencer dans leurs personnalités. Toutefois sans vouloir être tatillon, il existe à mon sens deux principaux défauts que l'on pourrait reprocher : le manque de musique, apportant ennui et lourdeur par moments (l'épisode de Jean Renoir) ; et le fait que toutes les histoires furent tournées en langue française et non pas dans la langue des cinéastes, décrédibilisant tout contexte (Fritz Lang est autrichien, Orson Welles américain, Hitchcock anglais et Bergman suédois).
Des six courts métrages, j'ai eu trois coups de coeurs. Le premier est celui de Jacques Tati. Depuis petit, il est déjà à l'écart de la réalité, des autres, et se perd en jouant dans un univers construit autour de symboles. Sa grandeur physique prématurée lui a permis de voir au delà de ce que tout enfant ne pouvait voir : l"horizon de son propre monde.
Ensuite, c'est l'épisode d'Hitchcock que j'ai beaucoup apprécié. Filmé dans un beau noir & blanc, on se rend compte d'où lui est venu son inspiration "machiavélique" de Psychose. On retrouve les ingrédients du film : manoir glauque, mère bigote et cruelle, et le soir d'orage.
Enfin, l'histoire de Ingmar Bergman est sans doute la plus terrifiante, venant ainsi clore le film. Il est lui aussi en proie à une force maléfique (non pas sa mère mais son grand frère ici), et finira par se rendre compte de ses actes, et la monstruosité dans laquelle il a failli se perdre à tout jamais.
"Enfances" est, malgré quelques longueurs, un beau petit film sur les bonheurs et malheurs de l'enfance, ou de l'innocence parfois perdue, ou non vécue... Le film nous pousse à en savoir plus sur chacun de ces grands hommes qui ont révolutionné le septième art. Un hommage dans un hommage.
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