jeudi 30 avril 2009

La dernière maison sur la gauche - critique -

La famille Collingwood part en vacances dans leur maison secondaire, isolé de tout. Mari obtient l'autorisation de ses parents John et Emma d'aller rejoindre sa copine Paige. Sur place, les deux copines font la rencontre d'un jeune homme, qui les entraîne malgré lui au sein de sa cinglée de famille. Les filles sont emmenées dans les bois par leurs ravisseurs. Et après les avoir violées et tuées, ils se réfugient par le plus grand des hasards dans la maison de Mari...
Même si je me suis épargné la peine de regarder la version originale et non moins très dégueulasse (dit-on) de 1972, ce que l'on peut dire à la vision de ce remake c'est que Wes Craven (le producteur) et Dennis Iliadis (le réalisateur) n'ont pas fait dans la dentelle ! Oui, le film est très violent. Et oui, le film est très dérangeant. Mais ce choc est presque jouissif tellement on sent la maîtrise derrière la caméra, la conviction de ses interprètes et une musique qui frôle l'évanescence. Alors qu'il m'avait fallu presque une semaine pour me remettre du très traumatisant Martyrs (dont j'ai déjà dit ce que je pensais du film, voir l'article), La dernière maison sur la gauche, même s'il arbore des sentiers battus similaires à savoir la violence graphique et des situations extrêmes sans concession, ressemble davantage à un thriller effrayant qu'à un film d'horreur gore pure et simple. La volonté d'évoquer les déviances de notre société et des thèmes comme la vengeance ou le pardon font de ce film un objet cinématographique très surprenant. Tout d'abord, on aime le choix d'avoir choisi des acteurs pas très reconnus à Hollywood ce qui amène le long métrage dans un presque-anonymat. Ensuite, on aime les symboles utilisés qui, à priori, ne figurent jamais dans ce genre de film. La dernière maison sur la gauche est une tempête à elle-même : pluie battante qui ensevelie les personnages dans un monde dangereux (Mari en épave dans l'étang ; John et Emma face à leurs bourreaux), et l'aspect orageux de l'atmosphère qui semble posséder les bois et la maison comme des canalisateurs.
Ce qui est également très appréciable, c'est l'intelligence avec laquelle le réalisateur a traité son sujet, ne prenant pas ainsi son public pour une brêle. La vengeance est ici à double tranchant et beaucoup d'interrogations subsistent : si l'on venge une personne, devient-on bourreau à notre tour ? et cela signifie t-il qu'on se met au même niveau que ces dits-monstres ? Cela fait-il de nous des perdants de se voir envahir et manipuler ainsi par nos sentiments ? Même si l'on sait que nous aurions réagi exactement de la même façon que ces parents dépassés par les évènements, force est de constater qu'on se voit tomber inconsciemment dans la même spirale de violence, de folie et de haine qui animent au quotidien ces trois psychopathes. Ce constat est radical et nous ai montré dans le film à travers des scènes qui n'épargent rien et qui démontrent la rage de deux individus qui ont vu leur être cher, sali et corrumpu à tout jamais... Hormis la scène finale complètement hors-sujet face au propos qui tenait jusque là une bonne cohérence, La dernière maison sur la gauche se révèle donc un très bon film efficace, pervers et malsain de bout en bout (malgré qu'on frôle une violence gratuite à certains moments). Ce remake a eu bon de voir le jour pour une fois car rien  n'a été abruti sur pellicule et surtout, il amène un vrai coup de jeune à la version de 1972. On a jamais eu autant peur du jour et rassuré d'être en pleine nuit...

jeudi 23 avril 2009

Coco avant Chanel - critique -

A la fin du XIXe siècle, un père abandonne ses deux filles Gabrielle et Adrienne dans un orphelinat. Quinze ans plus tard, elles deviennent deux chanteuses médiocres dans un cabaret miteux. Prise sous l'aile de Etienne Balsan, riche héritier et habitué des beuglants, Gabrielle alias Coco va petit à petit s'affirmer et imposer son idéal, à savoir la femme moderne qu'elle a toujours incarné.
Anne Fontaine avait attiré toutes les craintes du public. Sa filmographie n'a réellement jamais marqué au fer rouge le cinéma français ; et le choix d'avoir choisi Audrey Tautou pour incarner cette femme de fer que fut Coco Chanel inspirait les pires prédictions. Qu'elle se rassure, le film rend un très bel hommage à cette personnalité à travers une émotion qui nous remplit les yeux de larmes. Et tout cela grâce à une Audrey Tautou qui croit dur comme fer à son personnage.
Tout le film se concentre essentiellement sur l'avant-gloire de Coco : ce qui lui a donné sa niac légendaire pour avoir su imposer un style unique et son esprit révolutionnaire pour l'époque. Hors temps et mal à l'aise dans les conventions sociales, Coco était une femme qui souhaitait chambouler le mode vestimentaire sans âme des Dames en rompant les barrières sociales mais aussi et surtout, à les aider à prendre confiance en elle dans ce monde dominé par les hommes.
Pour cela, Anne Fontaine filme d'une façon très émouvante l'évolution de ce personnage en nous faisant étalage de ses états d'âme et donc par la même en entrant dans son intimité la plus profonde. On la suit dans son parcours sentimental et évidemment dans ce qui fut, dans ses excentricités vestimentaires pour l'époque, une femme qui deviendra une icône de la mode à travers le monde entier. Ce qui pourra en revanche rebuter certains, c'est la volonté de la réalisatrice de s'être trop attardé sur l'avant Chanel et pas assez sur l'après Coco.
Audrey Tautou est magnifique et joue Madame Chanel d'une manière très classe qui frise la déconcertation. On ne voit que ça à l'écran : ses deux grosses billes noires que sont ses yeux, si charismatiques qu'ils nous émeuvent au plus haut point, quand elle rit et quand elle pleure. Ce biopic n'est donc pas un défilé de mode comme on aurait pu s'attendre mais un beau film très maîtrisé, tout en retenu et porté par une énième partition enivrante d'Alexandre Desplat. Un petit mot sur la prestation de Benoît Poelvoorde (tout de même !) à savoir une bonne surprise. Moi qui pensais que cet homme n'avait pas sa place dans le monde du cinéma de par sa bêtise et son jeu d'acteur ridicule, il serait de mauvaise foie de nier ici sa belle performance en nous montrant une sensibilité qu'on ne lui connaissait pas.
Coco avant Chanel séduira donc un large public pour celui qui est sensible au destin d'une femme qui incarna la mode à la française. Ou pour celui qui souhaite tout simplement voir un rôle taillé sur mesure à une actrice qui a décidément un bel avenir devant elle !

jeudi 16 avril 2009

OSS 117 Rio ne répond plus - critique -

La suite des aventures de l'agent très spécial Hubert OSS 117, envoyé à Rio pour contrer les machiavéliques plans d'une société nazi qui espère instaurer un quatrième reich.
Après le Caire nid d'espion, Jean Dujardin réendosse son rôle de parfait crétin en agent secret et cela ... pour notre plus grand plaisir ! Plus grave, plus nul, plus con que le premier opus, Rio ne répond plus remplit très bien son contrat et fait même plus : son humour décalé ne nous lasse pas. On aurait pu s'attendre à un vautrage total, une pâle copie du premier épisode. Et bien non, ici c'est sujet aux années 70 avec une image et une photographie très soignées (un point souvent ignoré lorsqu'on tourne une comédie) faisant presque un hommage au kitsch de l'époque. Jean Dujardin est simplement irrésistible et son rôle lui va comme un gant. Raciste, homosexuel refoulé, bête et narcissique, son personnage nous fait rire par ses blagues pas drôles, ses vannes qui font pitié, et son sourire qui trahit sa niaiserie. Louise Monot, quant à elle, est bellement charismatique avec ses hilarantes mimiques.
Le réalisateur Hazanavicius nous épate : il fait remonter dans notre estime la comédie française qui a décidément encore de beaux jours devant elle. Des gags inventifs, qui font rire, jamais vulgaires ; des répliques savoureuses, recherchées, qui font toujours mouches. L'on pourra peut être reprocher si on veut faire notre chiant de tiquer sur un excès de phrases à tendance raciste. De temps en temps, ça peut faire rire ; mais à long ou moyen terme, ça peut en rebuter certains.
Un petit bijou burlesque donc, qui met en scène un Dujardin super ringard et qu'on adore. On rit, c'est intelligent, les paysages sont splendides ... Que demander de plus ? Un autre volet pardi !

jeudi 9 avril 2009

Chéri - critique -

Dans les années 10 d'un Paris heureux, Léa, une riche courtisane, s'amuse de sa relation avec le dandy Chéri, jeune homme dont la vie se résume aux femmes et à la boisson. Au vu de l'époque et de leur écart d'âge, Léa mettra un terme à leur relation passionnelle. D'autant plus que Chéri est amené à épouser une riche héritière du même âge que lui. Malheureusement l'ancien couple libertins va se rendre compte que leur sentiment sont bien plus forts qu'ils ne le pensaient...
Voir du Stephen Frears sur grand écran est toujours savoureux. Après le pinçant The Queen qui retraçait les non-dire de la monarchie anglaise au sujet de l'affaire Diana qui avait éclaboussé les journaux du monde entier, le réalisateur s'attelle sur le roman de Colette Chéri. Incomparable avec les Liaisons dangereuses, le film ne fait figure que d'une lente et pénible description sur les écarts d'âges entre gens qui s'aiment. Pour ce qu'il s'agit des décors, des costumes et de la photographie, c'est en revanche la claque. Le Paris du début du XXème siècle est somptueusement représenté avec un souci du détail qui nous laisse la mâchoire par terre. Michelle Pfeiffer rayonne dans ses magnifiques tenues de grande Dame du monde et Rupert Friend incarne le typique Dom-Juan qui casse le coeur des jeunes femmes. Mais là où Chéri déçoit se trouve plus dans son intérieur que dans son apparence.
Ce qui manque en effet cruellement au long métrage et à l'écriture est le mordant qu'on pouvait sans doute attendre dans les dialogues des personnages. Étant donné qu'il s'agit d'une histoire d'amour impossible (entendez là une histoire qui se termine évidemment mal), vu le contexte (une femme âgée et un homme très jeune), on aurait aimé voir plus de subtilités à l'écran. Certes Frears connaît bien son sujet et il l'expose d'une manière irréprochable, mais le tout semble ici poli voire pompeux qu'on a l'amère impression de rester sur notre faim.
Les messages sont en revanche très clairs : l'argent ne fait pas le bonheur (il n'y a qu'à voir tous ces richissimes qui ne savent plus quoi faire pour se distraire et qui se complaisent à mener une vie de débauche) et que l'amour, quoiqu'on en dise, n'a (presque) pas d'âge mais qu'il faut en revanche accepter sa condition. Pfeiffer rempli pour cela dûment son contrat. Cette actrice, qui n'a plus rien à prouver de ses prestations, illumine le film à elle seule et nous montre qu'on peut vieillir tout en ne perdant aucun de nos charmes d'antan. Sa peau satinée, ses yeux-icebergs et sa chevelure de blé sont la preuve que vieillir dans son automne n'a jamais été aussi printanier. A contrario, Ruper Friend est peu crédible dans son rôle si bien que ses "Nounoune" et son jeu dans les scènes dramatiques font peine à entendre et à regarder.
Chéri passe donc comme un film raffiné et esthétiquement magique ; mais qui traite d'un sujet sans grande originalité, presque sans saveur faisant de cette heure et demie un long moment pincé qui ne possède guère de densité à l'action.

vendredi 3 avril 2009

Stohrer

Envie d'une petite douceur après un repas ? Pour peu que vous trainez dans le 1er ou 2ème arrondissement, n'attendez plus et faites un passage chez Stohrer ! La boutique possède une réelle histoire (la pâtissier fut celui de l'épouse de Louis XV, la reine Leszczynska). A travers tout un savoir-faire qui reprend des anciennces recettes, Stohrer se targue de faire l'un des meilleurs éclairs au chocolat de tout Paris, moyenant 3 euros.
Salé, sucré, viennoiseries en tout genre... Dans un cadre petit mais magnifique... Chez Stohrer, si la raison ne nous en empêchait pas, on dépenserait sans compter !
Par ici la petit clé de ce paradis => 51 rue Montorgueil, arrêt Sentier (ligne 3) ou Etienne Marcel (ligne 4).

jeudi 2 avril 2009

Martyrs - critique -

Dans les années 70, une petite fille de 10 ans prénommée Lucie est retrouvée après avoir été enlevé quelques mois plus tôt, séquestrée dans des conditions épouvantables. Les jours passent et elle se lit d'amitié avec Anna dans l'hôpital où elle est suivie pour des soins. Quinze ans plus tard, on sonne à la porte d'une maison. Le père de famille ouvre. Lucie, armée de son fusil de chasse, tire à bout portant...
Après de très grandes hésitations, j'ai fini par visionner ce film qui a tant fait parler de lui. "Atroce", "Monstrueux", "Sanguinolent", Martyrs se sera vu attribuer tous les qualificatifs possibles comme le film qui a donner bien du fil à retordre à la commission de classification de par son extrême violence visuelle. Ayant frôlé de justesse une interdiction aux mineurs (rien que ça !) et donc ayant remis en cause la censure dans le cinéma français (le débat de savoir s'il existe des limites à ne pas dépasser), Martyrs revêt pour toute personne n'ayant pas vu le film d'une image terrible, d'une réputation crasseuse comme un certain Massacre à la tronçonneuse trente ans plus tôt. Question : Martyrs est-il donc si insupportable que ça ? Réponse : oui et non.Pendant une heure et demie, il n'existe aucun temps mort. Le réalisateur Pascal Laugier attrape son spectateur par la gorge et l'entraîne dans un monde chaotique où ne coexistent que souffrance, douleur, cri et sang. Un vrai cauchemar. Mais le vrai cauchemar, c'est assurément celui que vit Lucie incarnée par Mylène Jampanoï. Complètement traumatisée par ce qu'elle a vécu, elle passe à tabac une famille dans un "shoot'em up" incroyable. Aucune pitié, sans état d'âme ni conscience, elle est en plus de cela, poursuivie et attaquée par une horrible créature. Martyrs joue dans la cour des grands et malgré (et c'est un sensible qui parle) des scènes insoutenables, le film repose sur un scénario intelligent bien que se concluant sur une morale plus que douteuse. Nous ne sommes pas dans les sagas Saw ou Hostel où montrer du sang et de la torture ne revient qu'à de la complaisance, du gratuit, d'un sadisme m'a-tu-vu. Certes dans Martyrs du sang il y en a, mais le tout est construit dans une grande harmonie et cela grâce à deux actrices habitées. Elles incarnent en effet deux personnages désenchantés : l'une déshumanisée et écoeurée par ce que lui a offert la vie, l'autre plus humaine. Et ainsi va Martyrs : cette quête de vengeance sanguinaire, cette rage intériorisée pendant ses longues années qui explosent comme un bâton de dynamite. En cela, la première moitié du film est un vrai succès, une vraie claque. C'est très dur à regarder mais on se laisse prendre et on essaie de comprendre.
Ensuite arrive la deuxième partie du film et comme bon nombre de personnes, on est tous d'accord pour dire que c'est ici que (malheureusement) le bas blesse. On respire deux secondes le temps de nous remettre de nos émotions. Mais nous n'aurons le droit après qu'à une ahurissante défiguration humaine de quarante minutes faite de coups de poings et de coups de pieds. Certes Laugier a voulu démontrer la férocité animale du comportement humain. Scènes effroyables, ignobles voire révoltantes, Martyrs perd hélas de son éclat. Et on a presque envie de ne retenir que la première moitié du film. Surtout que la seconde repose sur deux grosses incohérences : le passage que découvre Anna est si facile à trouver qu'il parait étonnant que les enfants ne l'ont jamais découvert ; et pourquoi Anna n'appelle t-elle tout simplement pas la police. Au contraire, elle dort jusqu'au petit matin ?!...
Martyrs est donc une expérience douloureuse et je conçois que le comité de censure ait pris autant de pincettes, dans un monde où les productions cinématographiques vont trop loin. De là à avoir voulu l'interdire au moins de 18 ans, non. Laugier avait ses arguments (pas tous très nets je dois avouer) mais il avait une construction, son film reposant sur un vrai fondement. La violence, même si elle est omniprésente, n'est à voir qu'en second plan, mais cela ne m'a pas empêché d'accélérer certaines scènes vers la fin, trop fortes pour mon émotivité personnelle. Si les gens s'arrêtent à la violence, alors oui, le film n'est pas pour eux. Si comme moi, on essaie de comprendre l'histoire et où le réalisateur veut en venir, alors Martyrs peut se révéler intéressant. C'est très déroutant et surprenant de la part du cinéma français. Et finalement, ce que je retiens comme message du film, c'est qu'on vit dans un monde et une époque de merdes. On a bien envie, au vu de tant d'atrocités que l'homme est capable d'exercer sur les autres hommes, de tant d'abominations dont il peut faire preuve dans sa cruauté, de se retirer de la société ; ou bien de se voiler la face comme il est malheureusement de plus en plus coutume... Et si Laugier n'avait pas eu d'autres choix que d'utiliser autant de violence pour son film afin de faire réagir son public ?