vendredi 13 novembre 2009

2012 - critique -

Le peuple Maya l'avait prédit : le 21 décembre 2012 annoncerait la fin du monde terrestre. Certains contestent cette prédiction, d'autres l'approuvent. Mais une chose est sûre : la civilisation Maya était considérée comme l'une des plus intelligentes jamais apparues. Dans ce cas, qui croire ? C'est alors que quelques jours avant cette date fatidique, l'écorce de la croûte terrestre se fracture, et plonge les Etats-Unis dans le commencement de la fin...
Roland Emmerich est un vrai mordu du cinéma pop-corn catastrophe. Après le jour d'après qui en avait mis plein les mirettes dans les salles de cinéma, et remettant en cause par la même occasion la question écologique de notre planète, Emmerich se sert cette fois-ci d'un phénomène à la mode, celui de la fin imminente du monde qui glace déjà d'effroi les superstitieux. Belle occasion voit-il d'en faire le chou gras pour son prochain film. Résultat : 2H40 de manèges spectaculaires qui fait finalement de 2012 une belle daube.
"Belle" car cette oeuvre cinématographique, visuellement, l'est assurément. Ne faisons pas la fine bouche et surtout, ne boudons pas ce plaisir. Les trois quarts des gens (dont moi-même) vous diront qu'ils ont été voir ce film uniquement pour avoir le clapet fermé devant ces effets spéciaux bluffants à la pointe de la technologie. En matière de réalisme, Emmerich fait ce qu'il y a de mieux et réussit sans conteste un vrai défi : inondations gigantesques, séismes apocalyptiques, explosions atomiques... Tous les ingrédients pour vous faire décoiffer répondent présents à l'appel.
Mais "merde", le film l'est aussi. Et cela, dans tous les sens du terme. Tout d'abord, il ne faut pas être né de la dernière pluie pour comprendre que lorsqu'on se rend dans la salle, il faut avoir laissé au préalable son cerveau à la caisse. Le film accumule des incohérences grotesques et des clichés qui font plus qu'énerver le spectateur qui a conservé un tant soit peu son bon sens. Parce qu'il s'étale aussi sur une durée de 2H40 (une durée bien trop longue...), Emmerich n'est vraiment pas doué pour ce qui est de tisser les liens entre des personnages. Entre un vieux remake de la Guerre des mondes (le père divorcé qui vient chercher sa fille, et son fils qui l'appelle par son prénom) et des stéréotypes qui font mal et qui nous insupportent (un milliardaire russe véreux, une blondasse écervelée, une mère qui n'a jamais cessé d'aimer son ex, le président des Etats-Unis d'une grande noblesse d'âme...), le cinéaste abrutit son public en lui lynchant pendant 160 minutes une déferlante d'effets spéciaux dans la tronche espérant de lui qu'il ne remarquera pas les preuves tangibles de son scénario bancal. Rien n'est sérieusement expliqué dans ces prédictions ancestrales, aucune morale n'est à relever sinon douteuse du fait de montrer que la foi et la Bible nous sauvera peut-être tous (les références cachées du texte sacré en la construction de l'arche qui rappelle celle de Noé). Et surtout, on ne comprendra pas cet humour omniprésent, superflu et artificiel, qui n'a rien à faire là, avec son lot de trublions et de subalternes transparents qui ne font même pas office de second rôle.
Parce que 2012 est un bon film en cela qu'il détend et qu'il nous permet de faire un grand-huit à nous en donner le tournis, Roland Emmerich mérite qu'on lui baise les pieds. En revanche, il aurait pu raccourcir le long métrage de quelques minutes et surtout, instaurer un scénario plus élaboré car marre d'être pris pour des quiches consentantes. Et ce que nous lui pardonnerons pas par dessus tout, c'est son écœurante hypocrisie. Le film est à la presque gloire du continent le moins riche de toute la planète, le faisant passer du statut de "tiers-monde" à "nouveau monde", alors que monsieur le cinéaste a du réunir près de 250 000 000 de dollars pour produire son petit bébé. Proprement scandaleux.

2 commentaires:

Zargon a dit…

"il faut avoir laissé au préalable son cerveau à la caisse."

Malheureusement, c'est le cas avec beaucoup des productions d'Hollywood. Il faut suspendre l'incrédulité qui souvent fait partie des films de pop.

Tom-tom a dit…

Et c'est un américain en personne qui dit ça, comme quoi ! :-)
J'adore les dialogues made in Hollywood :
<- What are you talking about ?>
<- About the end of this world !>
<- Runnnnn !>
BOUM BOUM BOUM BOUM
Mais au moins ça divertit, ce qui n'est déjà pas si mal.