A la fin du XIXe siècle, un père abandonne ses deux filles Gabrielle et Adrienne dans un orphelinat. Quinze ans plus tard, elles deviennent deux chanteuses médiocres dans un cabaret miteux. Prise sous l'aile de Etienne Balsan, riche héritier et habitué des beuglants, Gabrielle alias Coco va petit à petit s'affirmer et imposer son idéal, à savoir la femme moderne qu'elle a toujours incarné.
Anne Fontaine avait attiré toutes les craintes du public. Sa filmographie n'a réellement jamais marqué au fer rouge le cinéma français ; et le choix d'avoir choisi Audrey Tautou pour incarner cette femme de fer que fut Coco Chanel inspirait les pires prédictions. Qu'elle se rassure, le film rend un très bel hommage à cette personnalité à travers une émotion qui nous remplit les yeux de larmes. Et tout cela grâce à une Audrey Tautou qui croit dur comme fer à son personnage.
Tout le film se concentre essentiellement sur l'avant-gloire de Coco : ce qui lui a donné sa niac légendaire pour avoir su imposer un style unique et son esprit révolutionnaire pour l'époque. Hors temps et mal à l'aise dans les conventions sociales, Coco était une femme qui souhaitait chambouler le mode vestimentaire sans âme des Dames en rompant les barrières sociales mais aussi et surtout, à les aider à prendre confiance en elle dans ce monde dominé par les hommes.
Pour cela, Anne Fontaine filme d'une façon très émouvante l'évolution de ce personnage en nous faisant étalage de ses états d'âme et donc par la même en entrant dans son intimité la plus profonde. On la suit dans son parcours sentimental et évidemment dans ce qui fut, dans ses excentricités vestimentaires pour l'époque, une femme qui deviendra une icône de la mode à travers le monde entier. Ce qui pourra en revanche rebuter certains, c'est la volonté de la réalisatrice de s'être trop attardé sur l'avant Chanel et pas assez sur l'après Coco.
Audrey Tautou est magnifique et joue Madame Chanel d'une manière très classe qui frise la déconcertation. On ne voit que ça à l'écran : ses deux grosses billes noires que sont ses yeux, si charismatiques qu'ils nous émeuvent au plus haut point, quand elle rit et quand elle pleure. Ce biopic n'est donc pas un défilé de mode comme on aurait pu s'attendre mais un beau film très maîtrisé, tout en retenu et porté par une énième partition enivrante d'Alexandre Desplat. Un petit mot sur la prestation de Benoît Poelvoorde (tout de même !) à savoir une bonne surprise. Moi qui pensais que cet homme n'avait pas sa place dans le monde du cinéma de par sa bêtise et son jeu d'acteur ridicule, il serait de mauvaise foie de nier ici sa belle performance en nous montrant une sensibilité qu'on ne lui connaissait pas.
Coco avant Chanel séduira donc un large public pour celui qui est sensible au destin d'une femme qui incarna la mode à la française. Ou pour celui qui souhaite tout simplement voir un rôle taillé sur mesure à une actrice qui a décidément un bel avenir devant elle !
3 commentaires:
"Coco Chanel, un rôle taillé sur mesure pour Audrey Tautou!" Quel sens de la réplique journalistique mon Thomas ! *Applause* J'aimerai bien voir ce film. Le sujet me plaît énormément et la critique conforte énormément mon choix je dois dire ;) ! Je remarque au passage cette passion pour les yeux foncés ! tiens donc ! Il n'empêche que pour ma part Chanel signe la fin d'une époque vestimentaire que j'affectionne tout particulièrement... Ces dames-autruche si ridicules mais au charme tellement désuet...
Ces plu-plumes style Madame Claude et à côté, la simplicité vestimentaire mais so chic de Coco ! Encore une femme en avance sur son temps, tiens !
Merci encore pour ces compliments si sincères. Ça motive tout ça !
Oh, mais de rien mon Thomas, ça me fait plaisir de les écrire ces compliments, d'autant plus qu'ils sont fondés ;) !
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