vendredi 2 octobre 2009

Le Petit Nicolas - critique -

Nicolas est un petit garçon qui aime bien sa vie. Il aime bien aussi sa maman et son papa. Il aime aussi sa maîtresse et ses copains de classe. Sa vie, il l'aime vraiment beaucoup. Mais un beau jour, les choses se gâtent. Nicolas est victime d'un quiproquo. Il pense que ses parents attendent un heureux évènement et suite à cela, Nicolas croit que ces derniers vont l'abandonner dans la forêt comme Le Petit Poucet...
Le personnage du Petit Nicolas est vieux comme les robes de ma mère. Crée dans les années 50 par Goscinny, le Petit Nicolas symbolise une enfance immortalisée par la douceur de la maison, les bons petits plats confectionnés par Maman mais aussi et surtout, les souvenirs d'école qui représentent l'insouciance et la meilleure période pour tout enfant. Le Petit Nicolas incarne depuis plus de cinquante ans une égérie de la France, cette période d'après-guerre où tout brille, tout le monde sourit et se parle avec un minimum de courtoisie. Une période où l'écologie était moins fracturé par les saisons bien respectées en ce temps et où chaque personne tenait sa propre place dans la société suivant son âge. Les enfants sont des enfants. Les adultes sont des adultes. Le Petit Nicolas, c'est la vraie madeleine proustienne pour celui qui a senti dans les pages des livres, l'encens de sa propre enfance et des goûters de 4h préparés avec amour par Maman dans son beau tablier. Laurent Tirard s'attaque donc à un pilier de la littérature enfantine française et il savait déjà, avant même de commencer à faire tourner sa première bobine, qu'il allait se mettre sur le dos tous les réfractaires pour la transposition d'une telle oeuvre soi-disant inadaptable au cinéma, n'en déplaise au Monde ou aux Inrockuptibles. Le film s'en sort avec la mention "Très Bien", grâce au grand soin apporté au film et à la présence d'acteurs tous plus joyeux et légers les uns que les autres.
Le petit Nicolas permet à Kad Mérad de faire son grand retour depuis la vague des Ch'tis, et à Maxime Godart de se faire connaître du public. Parfois un peu trop lisse dans ses expressions et pas assez espiègle, il ne détruit pas pour autant son personnage d'origine. On le sent complètement investi, et son assurance ainsi que ses drôleries rattrapent sans mal les petits défauts qu'il cantonnait sur son dos. Le film a justement évité de se centrer de façon égocentrique sur son personnage au détriment des autres car tous ses copains, qui sont aussi le moteur des histoires du livre, trouvent refuge dans des premiers rôles et non dans des seconds plans. Malgré des scènes parfois très désarticulées, l'univers dans sa globalité est bien respecté : Clotaire, le cancre, qui n'a pas fini de nous émouvoir par ses expressions désabusés, Alceste, le boulimique, qui se met en rogne s'il n'a pas eu son compte de bouffe pour la journée ou encore Geoffroy, dont le papa est très riche. Cette belle photo de classe assure évidemment la promotion du film, et peut se targuer d'avoir satisfait nos espoirs au delà de nos attentes.
Le film a eu aussi la merveilleuse idée de reprendre la narration de Nicolas. Tout le film est donc raconté dans un langage d'enfant, entre jeux de mots et quiproquos grotesques, et donne le sentiment d'inviter son spectateur dans un retour à l'innocence, où les gags n'étaient jamais bien méchants et où nous avions aucun problème dans nos existences si ce n'est de rendre en temps voulu les devoirs pour l'école. Le générique à lui seul mérite le déplacement. Ingénieux et d'une belle écriture scénaristique, il plonge d'emblée les bases de cet univers, cette belle France d'Epinal à jamais perdue, faite de DS roulant dans les rues en pavés ou bien de policiers moustachus sur leurs vélos vêtus de leur cape noire. Si bien que le film terminé, le retour en 2009 à l'extérieur se ferait presque douloureusement.
Laurent Tirard a su donc pondre une magnifique adaptation du Petit Nicolas, en ayant veillé à respecter scrupuleusement son monde et son beau petit entourage. Tout le monde y trouve son compte. Même du côté des adultes, rien n'en pâtit. Valérie Lemercier et Kad Mérad nous offre un beau duo comique, entre un dîner qui vire à la catastrophe et les grimaces du père pour faire rire son enfant. Définitivement, nous tenons là un beau film en attendant Micmacs à tire-larigot, qui vient prouver une fois de plus que le cinéma français excelle dans ce qui n'est pas de recopier les schémas hollywoodiens de nos compères américains.

2 commentaires:

Vincent a dit…

Ah les années 50 ! J'aime beaucoup l'esthétisme et les grands clichés de ces années là ! J'ai vu quelques séquences et je trouve que tous les caractères du livre se retrouvent dans les camarades de Nicolas ! Par contre je suis moins convaincu pour Kad Mérad dans le rôle du père...A voir ! Le petit Nicolas m'évoque cette photo où un petit garçon en culotte courtes courre dans les rues de Paris avec une baguette de pain...Mais où ais-je déjà vu cette photo ?.......;)

Tom-tom a dit…

Non mais le truc, c'est que ces années 50 là n'ont rien de cliché ! Mes parents par exemple ont vécu dans ce Paris pendant leurs enfances (ma mère dans le même Montmatre tel qu'il apparaît dans le film !). Ce n'est que bien plus tard qu'on a voulu les rendre comme cliché, car ça symbolisait un peu l'image de notre "ancienne France".

Concernant Kad Mérad, non vraiment, il se fond dans son rôle comme du fromage de raclette ! Il est taquin et drôle comme tout.

Un petit garçon avec une baguette sous le bras ? Hum.... non je ne vois pas du tout ;))