jeudi 11 mars 2010

La rafle - critique -

Juillet 1942, le destin de Joseph, onze ans, bascule tout à coup. 13 000 juifs sont déportés au vélodrome du vel d'hiv pour subir un sort dont ils ignorent tous. De Paris, en passant par le camp de Beaune, Joseph et sa famille tente de garder espoir plus que jamais...
Roselyne Bosch, au patronyme qui apporte malgré elle de l'ironie mal placée, s'est attelée à reconstituer l'épisode tragique du Vel d'hiv, dans l'une des périodes les plus tragiques de l'Histoire de l'humanité. Afin d'immortaliser cet épisode, comme tant de téléfilms et films l'ont déjà fait auparavant et encore maintenant, la cinéaste réalise là un long métrage qui ne peut laisser de marbre... ou pas. En effet, si l'on exclue ce petit casting de haut vol (et assez inapproprié conférant à Gad Elmaleh le rôle du père juif (forcément) et à Catherine Allégret celle d'une concierge titi (forcément aussi)), on se rend vite compte, au delà du pathos obligatoire pour traiter ce sujet, que le film manque indéniablement de froideur. Par exemple, Hitler se la joue très caricatural. En hissant ce monstre au statut de monstre, bave à la bouche et prononçant des immondices verbales, Bosch s'est facilitée la vie à appeler un chat un chat. Ainsi, on ne comprend pas trop sa volonté de sortir, au sens propre, les violons lors des séquences fortes, en particulier celles où la famille de Joseph se fait expulser de leur domicile. Les faits sont durs, brutaux, animaux mais Bosch aurait du se concentrer à tourner sa caméra sur tout le monde, et moins sur le visage de ces vedettes.
Ce qui est aussi très délicat à critiquer dans ce genre de film, c'est la haute portée universelle qu'elle souhaite libérer, pour permettre à toutes les victimes de se faire reconnaître et à tous ces bourreaux de se faire décrier. La séquence du Vel d'Hiv a de quoi impressionner et les camions absorbant ces pauvres enfants pour les amener sur le chemin de la mort bouleversent comme toujours (gâchée par un effet parodique involontaire avec le personnage hors-sujet de Nono, qui, atrocement, n'émeut que très rarement...). Et au delà de cette horreur pure flotte en permanence le parfum de la romance malencontreuse. Les images toutes proprettes, les décors lissés, l'absence totale d'audace font de La Rafle un pseudo-téléfilm certes émouvant, mais finalement creux dans sa forme. Les séquences s'alternent sans fil logique, passant de la Bavière au camp d'internement, et du petit déjeuner de Pétain aux réunions conférentielles entre collabos. Heureusement que la présence de Mélanie Laurent arrive à rattraper certaines maladresses. Le personnage réel de la soeur Annette qu'elle interprète est à voir comme un exemple de femme qui se bat pour sauver la dignité de l'homme.
En conclusion, on lui saura gré à la cinéaste d'avoir pris la peine de replacer cet épisode dans son contexte, afin que tout le monde voit de leurs yeux l'état brut de l'horreur dont l'homme est capable. Mais sa tendance à avoir trop voulu apporter de la chaleur humaine place son long-métrage dans la fâcheuse posture du film qui veut pas assez et trop en faire à la fois. Oui, n'est pas Spielberg ou Polanski qui veut.

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