mercredi 8 juillet 2009

The descent - critique -

Au milieu des massifs Appalaches, six femmes décident de se retrouver pour une expédition spéléologique. Soudain, un éboulement se produit bloquant ainsi la sortie de secours... Elles devront, dans le noir, affronter leurs angoisses, d'autant plus qu'elles réalisent qu'elles ne sont pas les seules dans ces grottes...
Loin du tumulte qu'avait provoqué à sa sortie The descent en 2005, je remarque que pour le coup nous avions il y a trois ans un vrai film d'horreur qui fait vraiment peur et qui expose nos peurs primales dans un survival qui vire au carnage total. 100% féminin, The descent n'en ai pas moins fleur bleue. Bien au contraire, ces six femmes exposées au danger se font très hommes et leur volonté de s'échapper et de faire face à l'incroyable testostéronent leurs agissements. Le fait d'amener de la psychologie au récit apporte sa petite touche de complexité, et débride ainsi du mieux qu'il peut (sans pour autant les justifier) la sauvagerie des scènes couvrant les trois derniers quarts d'heures du film, qui atteint réellement des sommets. Cela n'a pas empêché Neil Marshall (le réalisateur) d'inviter le spectateur à quelques passages oniriques grâce à une belle partition musicale, permettant d'introduire son film dans une sincérité profonde en prenant bien le temps d'exposer les faits. Non, il n'y aura pas que de la barbaque ici, il y aura, quoiqu'on le perçoive, du sentiment (impossibilité de faire un deuil, égoïsme effronté de l'être humain...). Les actrices, à défaut il est clair d'avoir un oscar, ne sont pas complètement potiches et remplies dûment leur contrat, à savoir nous faire communiquer leurs angoisses, leurs peurs et leurs détresses au point d'en éventrer l'accoudoir du fauteuil. De plus que Marshall n'est pas tombé dans le piège de profiter des situations cocasses pour filmer les jolies fesses de ces actrices, ce qui exclu The descent de le faire passer pour un nanar commercial.
Ce qui fait peur et ce qui innove (sur grand écran, l'expérience doit être décuplée), c'est le lieu où se passe la deuxième moitié du film. Lieux claustrophobiques extrêmes, les grottes souterraines représentent de vraies tombes humaines qui suintent l'humidité et la poisse ; et de rajouter ici des monstres amène encore plus de folie à l'atmosphère générale de peur panique. En terme de lumières, le film est maîtrisé car que ce qui aurait pu se révéler comme un film brouillon où l'on n'y voit rien, se révèle au bout du compte amplement visible dans son obscurité. Alternant les lampes torches, l'infra-rouge de la caméra, les fusées d'alertes et les néons, les entrailles de la terre deviennent ici un enterrement du corps et de l'âme. A mesure que les minutes qui se déguisent en heures passent, les victimes deviennent bourreaux et deviennent aussi sanguinaires et monstrueuses que leurs agresseurs (pas dépourvu tant que ça d'une conscience).
Neil Marshall signe un petit film bien sympathique, gore, terrifiant et étouffant comme on est surpris pour un film venant du Royaume-Uni. Le parti pris s'engage jusqu'au final, apothéosé et magnifié par un dernier plan séquence de toute beauté. Chacun interprètera sa propre fin. Et de laisser ainsi au spectateur, malgré tout ce déchaînement de violence qui fait détourner les yeux (certaines scènes sont parfois à la limite du soutenable), le choix de comprendre subjectivement l'issue du film, prouve bien qu'on est loin d'avoir à faire à un amateur qui aurait bâti son long-métrage sur le jeu déhanché de ces actrices.

N.B : l'interdiction aux moins de 16 ans est largement justifié.

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