
Hommage à l'une des séries les plus matures, les plus formidables, les plus profondes qu'il nous ait été donné de voir dans le monde du petit écran. J'ai nommé : Six
feet under. Littéralement "Six pieds sous terre", cette série amène à
revisiter avec une très (trop?) grande intelligence le thème de la mort.
Pendant près de cinq saisons, nous suivons le parcours de la famille
Fisher à
Los Angeles, responsable d'une société de pompes funèbres "
Fisher & fils". La famille est composée du père
Nathaniel, directeur de sa propre boîte ; de la mère
Ruth, petite
ménagère américaine ; de l'aînée
Nate, qui a quitté le doux cocon pour s'installer à Seattle ; du benjamin
David, qui est l'associé de son père en tant que
thanatopracteur (embaumeur de morts, grossièrement parlant) et enfin de la cadette Claire en adolescente marginale. Seulement voilà, le père meurt d'un accident de voiture. Et c'est l'explosion de la bulle (qui n'en a jamais été vraiment une). Chaque personnage amène à se
requestionner sur eux, sur le monde qui les entoure, sur leurs propres jugements de valeurs, sur leurs propres éthiques. Car là où le créateur aurait pu s'enfoncer dans le morbide, c'est avec brio qu'il redéfinit la vie, telle qu'elle est. C'est à dire, un parcours incessant semé d'embûches. De moments heureux (souvent brefs) comme de moments malheureux (souvent moins brefs). Et c'est proprement formidable. Et rien ne passe sous silence. Les tabous de notre société sont dépeint ici d'une grande qualité. Surtout lorsque l'on sait que le final est un véritable maelström de sentiments, dont je ne vous dévoilerai rien du tout. Cependant, je ne pourrais pas m'empêcher de
spoiler ça et là tout au long de ma "modeste" analyse. Je dis "modeste" car il serait prétentieux de ma part de vouloir donner une analyse exhaustive sur Six
feet under, tant il y a dire, et tout simplement
parce qu'au vu de la profondeur et de la complexité des sentiments traités, il serait tout bonnement impossible de le faire.
Pour une première partie, je m'attarderais à seulement dépeindre les personnages un à un de manière claire et concise (que je dépeindrais plus longuement pour le
passé-en-revue de chaque saison) :
Nathaniel senor : le personnage le plus mystérieux car
disparaît dès le pilote. On ne sait pas grand chose sur lui sinon qu'il ne semblait pas très épanoui dans sa famille. On le revoit en tant que "fantôme" dans les esprits de chacun.
Ruth : si je devais la définir en un mot ? fragile... Elle se bat pour ne pas perdre la face, se noie dans le pathos et surtout essaie de reconstruire sa vie tant bien que mal. Elle apprend à devenir ouverte (et non pas "tolérante" car
inclurait l'idée de l'acceptation d'un mal), et apprend ce qu'est l'amitié. Elle apprend à approcher
l'Autre, à aider son prochain (non pas par devoir chrétien mais par acceptation de soi et de ceux qui ont exactement la même position qu'elle, c'est à dire en tant qu'être humain). C'est sans doute le personnage qui évolue le plus.
Nathaniel junior :
Nathaniel est le retour du fils prodigue. Longtemps absent pour échapper à la pression familiale trop étouffante pour lui, il vit à Seattle et doit revenir voir ses proches pour l'enterrement de son père.
Nate est ce que l'on appelle un
accroc du sexe. Il est une personne plutôt équilibrée mais qui a besoin qu'on le valorise (Qui n'a pas besoin qu'on le valorise en même temps ?). Il a besoin qu'on reflète de lui une image qu'il n'arrive pas à voir dans son miroir.
Nate passera par beaucoup d'obstacles.
David : il symbolise ce que
l'Amérique puritaine et conservatrice
rejette. Il est homosexuel et ne l'accepte pas.
David, c'est un peu la quête de soi. Il essaie de se connaître, en apprend tous les jours sur lui. Comme quoi, nous ne nous connaissons jamais assez. Très sensible, il ne supporte pas qu'on l'ignore, et quand on ne l'ignore pas, qu'on le voit seulement en tant
qu'homme aimant les autres hommes. A l'intérieur de
David se cache une candeur incroyable et en même temps une maturité qui dépasse de très loin celle de son aîné.
Claire : c'est sans doute le personnage qui porte le moins bien son nom. Elle est mystérieuse, adolescente clichée, et tente de donner un sens à son avenir. Personnage
anticonformiste par excellence, elle aime avant tout l'insolite et haït le fait qu'on ne puisse pas préserver le temps. Au contraire, il faut le
quotidienniser. Son caractère trempé, sa faculté à juger habilement une situation la sauvera de bien des galères.
Au final donc, des gens comme vous et moi. Des gens qui mènent leur vie, en parallèle à leur deuil. Des gens qui tente de trouver un sens à leur existence.
Vous trouvez par l'avenir un commentaire de chacune des saisons dont le contenu sera un peu plus
étoffé.