Diabolo menthe fut un véritable phénomène lors de sa sortie en 1977. En effet, le film de Diane Kurys, qui réalisa là son meilleur film et qui fut récompensé par le prix Delluc, s'adresse aussi bien aux deux sexes qu'aux adolescents et aux adultes (pour les nostalgiques d'une époque bien révolue). Toute l'intensité des scènes et la presque magie qui s'en dégage, on le doit au regard intemporel de Eléonore Klarwein, vibrante d'émotions en petite fille qui se transforme en adolescente. Quant à l'ambiance de cette France à jamais disparue et de ses cours d'écoles, elles sont retranscrites à travers les yeux et la caméra d'une adulte qui se retransforme en midinette le temps d'un long métrage. Qui dit donc retranscription, dit retour à la naïveté (la scène presque innocente des trois copines qui discutent à la cour de récré en est la plus belle preuve). Qui dit retranscription dit aussi rappel de tous ces souvenirs hilares, de toutes ces anecdotes universelles des élèves qui se moquent royalement de leurs professeurs, dénués d'autorité pour certains (pauvre Dominique Lavanant qui en prend plein la tronche) et complètement barjots pour d'autres (la prof de dessin).
Anne et Frédérique représentent donc à elles deux les symboles d'une France à la veille de mai 68. Des évènements se préparent et les personnalités se construisent. Anne, c'est la candeur, la douceur, le petit bout de femme incomprise par son entourage qui regarde, qui apprend et qui fait des erreurs aussi. Frédérique, c'est la révolté, la franche qui rappelle un peu les traits de sa mère qui affirme clairement son divorce dans une époque où ce genre de chose est mal perçue par la société. Les chiens ne font pas des chats. Mais ce qui rend tellement attachant Diabolo menthe, c'est que le film ne se prend jamais ni au trop grand sérieux, ni à la comédie poussive et parce qu'il a su aussi traverser les générations. Car même si l'on a jamais vécu cette époque, on se retrouve tous dans l'une de ces situations : les guerres entre frères et soeurs, le premier baiser, le décalage de génération avec la mère, les mauvaises notes, le souci de toujours faire comme les autres pour rentrer dans le moule (...) : autant de moments que l'on repense avec le sourire. Que ne serait aussi Diabolo menthe sans son compositeur Yves Simon qui nous offre ici une belle musique finale résumant pratiquement une décennie entière à savoir les années 60 en France. Cette France qui ne connaît pas encore les affres des téléphones portables, les films de plus en plus dérangeants au cinéma, l'insécurité croissante et la violence banalisée des rues, la marée de touristes dans la capitale...
Diabolo menthe se doit donc d'être clairement consommée comme une boisson car rafraîchissante, poétique et surtout très drôle de nostalgie. Plongé dans le beau Paris à la veille d'une révolte qui changera à jamais sa face, le film est magnifique et constitue alors une petite perle dans la cinématographie française. A consommer toutes saisons confondues.
2 commentaires:
C'est étrange, ce matin j'ai justement écouté une interview d'Yves Simon qui évoquait les conditions dans lesquelles la réalisatrice l'a approché pour faire la musique du film.
Malgré le contexte particulier lié à la fin des années 60 et tout ce qui s'ensuit, j'ai l'impression que c'est un peu l'histoire, beaucoup plus large, de l'entrée dans l'adolescence.
Je trouve d'ailleurs que ces jeunes filles de 13-15 ans avec leurs robes vichy des années 60 et leurs petites nattes font beaucoup plus petites filles que des gamines de 8-10ans d'aujourd'hui !
Encore une belle critique mon Tom ;) !
On ne peut pas donner un âge quand on a seulement trois photos sous les yeux et qu'on n'a pas vu le film Vincent Haha :-)
Mais je trouve qu'à cette époque les gens faisaient leur âge car pour chaque âge chaque tenue vestimentaire ou chaque coiffure. 15-16 ans : la période des bas. 18 ans : la période du maquillage. 12-13 ans : la période des nattes. Maintenant on voit des pouffes d'à peine 14 ans qui se trémoussent jean hyper serré ou string à l'air comme une lolita dans les rues. J'exagère mais c'est un peu ça.
Et effectivement, le contexte politique et sociale est une trame de fond, la véritable couverture du film étant cette période de l'adolescence des deux filles :-))
Ça me donne envie de me filer un diabolo tout d'un coup !
Merci pour ton commentaire comme toujours, bisous.
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