La première partie Les Années lumière, raconte les évènements de 1788 au 10 août 1792, lorsque le roi Louis XVI est jeté en prison...
La seconde partie Les Années terribles, s'achève en 1794 après les exécutions de Louis XVI, Marie-Antoinette, Danton et Desmoulins.
Rédiger une critique sur ce film intitulé La révolution française et qui s'étend sur une durée de près de 6 heures, se révèle presque comme un défi à relever. Non seulement, je vais tenter de garder un point de vue des plus neutres (je n'ai ni la prétention et ni le savoir nécessaires pour pouvoir prendre un parti, que ce soit du côté de la famille royale ou des révolutionnaires) ; mais non seulement aussi, je vais essayer d'être bref et concis malgré ce contexte qui demande malgré tout une argumentation très construite et posée sur des évènements qui ont balancé la France dans une nouvelle ère et qui changea à tout jamais son visage.
Le film, réalisé en 1989, fut un projet d'Alexandre Mnouchkine, rendant ainsi hommage à cette période à l'occasion de l'anniversaire de son bicentenaire. 200 rôles, 30 000 figurants, 40 000 costumes et 185 jours de tournage environ ont du être nécessaire pour rendre plus vrai que nature cette période si complexe qu'est la révolution française. Ce travail titanesque, on le doit à Monsieur Enrico (pour la première partie) et Monsieur Heffron (pour la seconde). C'est évidemment sans compter sur les centaines d'heures qui ont du être nécessaires pour récolter les informations, les détails et les véracités historiques indispensables pour créer un véritable outil pédagogique sur pellicule. Parce qu'il ne s'embarrasse jamais d'adopter les différents points de vue des hautes personnalités comme Danton et Robespierre d'un côté, et le roi Louis XVI et Marie Antoinette de l'autre, parce que malgré sa longueur (elle aussi nécessaire) le film se révèle finalement toujours trop court pour toujours vouloir comprendre les évènements et ce qui a pu pousser ces gens à faire basculer le destin de la France dans le sang et les révoltes, parce qu'aussi il réussit à inclure les différents plan culturels, politiques et économiques et surtout parce qu'il casse toutes les idées reçues emmagasinées à l'école... En cela, et croyez-moi, nous détenons là un presque documentaire où nous n'avons jamais autant aimé apprendre notre Histoire. Le pari est amplement réussi.
La première partie est la plus calme. On pose les bases, nous faisons un tour à Versailles puis ensuite à Paris. Cracher sur le roi parce qu'il ne nourrissait pas son peuple est facile à dire. Il faut savoir que Louis XV lui a laissé un royaume déjà fort ensanglanté par son incompétence à être sérieux dans ces décisions politiques et préférant se défiler pour rejoindre ses maîtresses. Il faut savoir également qu'il y eut plus de morts affamés sous le règne de Louis XIV que sous celui de Louis XVI. De l'autre côté, le Tiers-Etat est fatigué de devoir subir les privilèges que connaissent la noblesse et le clergé. Le contexte résulte donc d'un grand-ras-le-bol qui se traînait déjà depuis des décennies et que la France éclate dans une révolution n'est finalement pas surprenante. Jean-François Balmer rayonne dans son rôle de roi dépassé par les évènements, et le choix de Jane Seymour pour Marie-Antoinette se révèle étonnant. Elle utilise une grande palette d'émotions palpables et la dégradation de son visage et de son corps au fur et à mesure que les années passent, sont perceptibles de façon effrayante. Cluzet, Brandaeur, Sam Neil... toutes des stars internationales qui imposent leur grand jeu d'acteur.
La seconde partie est résolument la plus saignante. Barbare, sanguinolente, vraie... on sent le Paris crade, qui pue le vice et les cachotteries, les multiples complots qui fit couper des têtes par dizaine sous la lame aiguisée d'une guillotine qui incarna tout un symbole (à la base, couper la monarchie absolue). On n'arrive à s'attacher à aucun des personnages finalement. Car un coup, on est compatissant puis d'une scène à l'autre, leur comportement nous révolte. Par exemple, Danton invite à le sympathiser pour sa volonté cachée de ne pas exécuter le roi mais bien ce système monarchique dans une future France républicaine. Ensuite, on assiste effaré aux évènements terribles des massacres de septembre 1792 où l'on voit qu'il en fut l'un des principaux instigateurs. Autre exemple, on voit une Marie-Antoinette qui dépense à tout va (sans se rendre évidemment compte que l'Etat n'a plus un sou et que son peuple crie la famine, dû entre autre au cocon étouffant de Versailles qui l'empêche tout contact avec la réalité). Et nous ne pouvons pas nous empêcher d'avoir la larme à l'oeil devant cette femme démunie qui perd mari, femme, amies, famille devant ses yeux et pire, qui est accusée d'inceste envers son propre fils, le Dauphin Louis XVII. Cette France schyzophrénique dresse sans le vouloir une auto-parodie où les opinions politiques et personnelles se contredisent et se contre-balancent systématiquement.
Voulant montrer le plus de personnages possibles en vu d'être le plus crédible possible (Hébert, Chambron, Bailly, Mirabeau, Fouquet, Samson, Lamballe...) la révolution française instaure un vrai savoir-faire dans sa force visuelle et auditive. Les non-afficionados de cette période se verront peut être un peu égaré face à tout cet étalage d'informations. Mais les moyens financiers facilitant la mise en chantier, c'est sans compte sur les costumes et les décors que le film peut se targuer d'être royal. Mnouchkine a vu les choses en grand, révélant une patience à toute épreuve pour avoir réussi à montrer en six heures impeccables ce qui aurait pu passer pour 30 heures faciles. Grâce à une maîtrise, une patience et un Amour envers notre Histoire qui se ressent à chaque instant de par la musique angélique d'Opéra qui introduit et conclue le film.
Voilà les principales lignes nécessaires pour vous rendre compte que ce film est à voir (ce qui exclue tous les débats, les réflexions et le besoin de creuser encore et toujours plus l'histoire de cette période). Ce film, sortie enfin dans les bacs grâce à une pétition qui a circulé !, est admirable sur tous les points. Beau, magistral, puissant... n'ayons pas peur des mots : La révolution française est à ce jour le meilleur film jusqu'à présent jamais réalisé sur cette période.
2 commentaires:
"La Révolution française est un film royal" tel sera l'oxymore que je retiendrai pour cette critique mon cher Tom ! Tu donnes vraiment envie d'aller voir le film comme toujours. Le gigantisme de la production doit absolument coller avec l'ampleur de l'évènement relaté, c'est une bonne chose et même le minimum pour sa réussite je pense. Si les personnages semblent ambivalents, alors ce doit être un très bon film, avec le recul historique qui prévaut. Sais-tu si de grands historiens spécialistes de la période comme François Furet ont participé au projet ?
Enfin un commentaire, on sent tout de suite les amoureux de l'histoire !
Pour l'oxymore, je n'y avais même pas fait attention :) Le film a du nécessiter plus de 300 000 000 de francs à l'époque, donc le gigantisme y est pour beaucoup, c'est certain. Pour ce qu'il s'agit de François Furet, j'ignore s'il a participé au projet, je sais seulement que c'est l'historien Jean Tulard qui s'y est collé (parmi tant d'autres à mon avis).
D'ailleurs en fouinant un peu sur le net, j'ai trouvé ce petit article très intéressant à propos du film :
"(...) Le contexte même imposait
aux réalisateurs d'offrir une vision de la Révolution plutôt consensuelle. Robert Enrico s'en
explique très bien : "Je me suis imposé de prendre en compte les images familières que les
manuels scolaires ont popularisé. Il s'agissait de réactiver une mémoire collective nourrie
d'habitudes à respecter pour mieux faire passer un message positif sur les acquis irréversibles
de la Révolution française". Son film se présente donc comme une suite de scènes "incontournables"
de tous les grands évènements révolutionnaires, en démarquant au plus près l'imagerie la plus
répandue" (...).
Des mots qui viennent compléter ma courte critique et qui prouvent bien cette volonté qui a voulu se démarquer le plus loin possible des images toutes pré-conçues.
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