

La saison s'ouvre sur un heureux évènement et nous retrouvons donc notre famille Fisher. Car oui, même si ce ne sont que des personnages entièrement fictifs, nous avons vécu près de leurs côtés pendant cinq années de leur vie, nous nous sommes identifiés à eux, et c'est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer être presque en face à des amis à qui l'on tient. S'ils tombent, on tombe avec eux. Les scénaristes, fiers de leur génie créatif, le savent et arborent

Brenda a soif de renaissance et veut créer une nouvelle vie malgré (et elle le sait pertinemment) l'héritage psychotique de ses parents. Dans son douillet foyer, elle adopte sans difficulté Maya, la fille de Nate mais ne peut s'empêcher de penser au fantôme de Lisa qui rôde autour d'elle, tel la mouette qui picore son gâteau de mariage (réincarnation de Lisa ?).


Nate joue aussi les bons pères et veut le mieux pour Maya. Mais les disputes avec Brenda reprennent le dessus comme autrefois. Le vice et la vertu ne font plus bon ménage. Elle, a été élevé dans une éducation sans limites,

Ruth, elle, est au bord du gouffre : elle


Claire, de son côté, est fâchée contre sa mère car cette dernière n'accepte pas les choix qu'elle adopte. Les tensions au sein de la mère et de la fille sont très palpables. Claire se montre de plus en plus égoïste, une gamine qui ne veut pas éclater sa

David et Keith forme dorénavant un vrai couple qui s'aime. Leur trame vient dans l'adoption d'un enfant et toutes les difficultés que cela entraîne lorsqu'on est gay. David craint que la personnalité violente du père de Keith ne fasse irruption chez ce dernier ; et Keith craint ne pas être à la hauteur dans la discipline qu'il souhaite instaurer.
La saison 5, tout comme la série, atteint un degré de perfection extrême. Elle se veut une expérience qui se vit, et que l'on doit ressentir. Rien de plus que ce season final spectaculaire et riche en émotions brutes. De véritables émotions, celles sans nom. Tous les acteurs sont tous plus extraordinaires les uns que les autres. Ils sont comme habités par leurs personnages. On s'accroche à eux pour ne pas les quitter, pour ne pas s'en séparer. Chacun d'entre eux ont pu voir une évolution majeure dans leur vie : Nate qui se rend compte que l'amour n'est pas dans le sexe passionnel, David qui accepte son soi homosexuel, Claire qui devient une adulte responsable, Ruth qui apprend à vivre avec son temps et qui devient une femme libérée et de moins en moins conformiste, et Brenda qui a enfin trouvé son équilibre intérieur. Alan Ball peut être fier de son travail d'orfèvre. Il a su créer un monde parallèle au notre en mettant en exergue tous les problèmes de la société et cette peur universelle et séculaire de la mort. A travers des sentiments finement exploités sans jamais rentrer dans le pathos, le larmoyant ou le glauque, il a su guider et construire un parcours narratif exceptionnel au sein d'une équipe talentueuse (merci à Thomas Newman pour sa musique et la sobriété de son générique). Attendez vous à exploser, à ce que vous fassiez rage avec vous même et votre conscience avec le dernier épisode qui ne laisse personne indifférent tant l'expérience qui nous est offerte est riche. Véritable traumatisme viscéral, les dix dernières minutes sont déstabilisantes au plus haut point, voire insupportables. Insupportables car terriblement et malheureusement vraies. On suit nos amis les Fisher jusqu'au bout, jusqu'à la dernière écriture du générique de fin. On les accompagne dans ce voyage final, dans ce tourbillon de pleurs et de crises de larmes. Avec un tragique évènement dont je ne divulguerais rien, le spectateur est ébranlé par ce qui se passe. Il est choqué par la manière dont cela intervient, et choqué par la manière dont cela est traité, car comme toujours, tout est brillamment écrit, réalisé, interprété... Il serait ridicule de dire qu'un film ou qu'une série, comme ici, puisse changer notre façon de voir ou de percevoir le monde, mais disons le franchement : Six Feet Under change et transforme la vie, notre vie et nous apprend à rire de la Mort comme elle est au finale, peu signifiante ; et qu'on ne trouve pas l'Amour, que c'est lui qui vient nous trouver. Et là où on sera éternellement reconnaissant auprès d'Alan Ball, c'est qu'après le visionnage de cette soixantaine d'épisodes de Six Feet Under, on en ressort heureux, et grandi à tout jamais comme si nous avions appris ce qu'est la Vie. Il ne reste plus qu'à la vivre pleinement, riche de tous ces enseignements, de toutes ces expériences, de toutes ces occasions manquées. Moi je dis : "Chapeau monsieur" ! Et merci pour tout.