Chihiro, une petite fille de dix ans, est sur la route avec ses parents pour emménager dans une nouvelle maison. Le père, pensant trouver dans un chemin un raccourci pour aller chez lui, se retrouve nez à nez à un tunnel étrange. De l'autre côté du tunnel, un vieux parc à thèmes abandonné. Le couple découvre de la nourriture et s'empiffre dans ce lieu désert. Ils se transforment en cochons...
Le voyage de Chihiro fait partie de ces oeuvres où il y a tellement à dire qu'une critique ne suffira pas à commenter son analyse. Et il est encore plus intéressant de l'analyser quand on sait que Miyazaki (le réalisateur) a produit ce film en tant que son testament...
Le voyage de Chihiro fait partie de ces oeuvres où il y a tellement à dire qu'une critique ne suffira pas à commenter son analyse. Et il est encore plus intéressant de l'analyser quand on sait que Miyazaki (le réalisateur) a produit ce film en tant que son testament...
Le voyage de Chihiro invite le spectateur dans un voyage peuplé de fantômes, de sorcières, d'êtres démoniaques en tout genre. On est largué devant tout ce folklore japonais mais fasciné devant toute la richesse graphique, poétique et symbolique. Ce conte, brassant morale et philosophie, nous raconte comment une petite fille peut faire face à l'adversité à partir du moment où elle se rappelle qui elle est. Ce détail est à voir comme une critique violente et virulente de la société japonaise :
- une société qui voit en chaque individu un employé potentiel pour le développement de sa société, et qui y déploie ses forces pour avoir leur main mise
- la cupidité exacercébée de la population (les pépites d'or dans le film). Seule Chihiro, qui n'a que dix ans rappelons-le, a compris que toute la richesse du monde ne mérite pas mieux que l'amour d'un père et d'une mère
- la cupidité exacercébée de la population (les pépites d'or dans le film). Seule Chihiro, qui n'a que dix ans rappelons-le, a compris que toute la richesse du monde ne mérite pas mieux que l'amour d'un père et d'une mère
- une population focalisée sur les apparences : l'accueil hypocrite envers l'esprit putride en est le meilleur exemple, le concierge qui n'accepte de donner des cartes qu'aux habitués
- l'insatiabilité des gens, reflet d'une société extra-matérialiste qui tend à son auto-destruction : Yubaba habite dans un palace, offre des cadeaux qui ne sont mêmes pas déballés à son enfant (elle pense que l'amour s'achète), compte à la loupe ses recettes du jour... tandis que sa soeur se contente d'une petite chaumière en pleine campagne (qui répond ainsi aux lois de préservation de l'environnement, on savait Miyazaki très écologique), et qui est allumé à la bougie.
L'héroïne gagne le respect du spectateur en acquérant une grande maturité au fil de son séjour dans le monde surnaturel, et sa capacité à avoir confiance en elle et à ne pas fuir le danger (alors qu'au tout début, elle flippait à l'idée de rentrer dans le tunnel). Chihiro, qu'on rapproche volontiers à Alice (le côté naïf en moins), s'est fait volé son nom et de fait, appartient au joug de l'horrible sorcière Yubaba. Quand on vole notre nom, on vole notre identité, et notre vie. Chihiro se transforme en "Sen" (qui en japonais signifie "mille". Chihiro = le 1 000ème visiteur dans ce monde ?).
Miyazaki nous consterne devant tant d'imagination, et de beauté qu'il arrive à mettre sur pellicule. On assiste à une floraison d'images curieuses, toutes plus belles les unes ques les autres, une véritable fanstamagorie pour les sens. C'est d'une très grande générosité dont il nous fait part, le point culminant étant sans conteste la scène du train : véritable claque poétique... Cette scène est clairement l'"Adieu" du réalisateur. La musique de Joe Hisashi, doux piano aux notes doucement lancinantes, vient l'accompagner dans son voyage. Le train (qui dans le film ne possède qu'un aller, pas de retour) est le stade terminal à travers quoi Miyazaki a réussi à trouver la puissance nécessaire pour raconter en l'espace de trois minutes, sa solitude et sa prise de conscience d'une mort prochaine. Aucun dialogues, seulement des paysages pastellés aux couleurs chatoyantes, une nuit sans lune, des lumières scintillantes, et des gens "sans visage" qui prennent leurs bagages avant de descendre à leur arrêt. Fataliste et d'une tristesse infinie, cette scène vaut à elle seule le détour.
Le voyage de Chihiro, c'est aussi un mélange d'humour et bon enfant. On retrouve les fantaisies du père Miyazaki : un bébé énorme, les trois têtes baladeuses, une sorcière cupide, un gros monstre blanc farfelu, une bête puante... Que vous ayez 7 ou 77 ans, le film trouve tout son public, ne tombe jamais dans la grossièreté (d'ailleurs, ce mot doit être inconnu de son auteur) et réussi l'impressionnant exploit de pouvoir être vu sous divers angles. Il est évident que devant toute cette richesse, un enfant de dix ans ne percevra pas de la même manière le film qu'un jeune adulte de 21 ans !
Tellement à dire sur le Voyage de Chihiro, tellement à dire. Le mieux étant de vous laisser prendre par la main, de ne pas se sentir exclu de cette foisonnante et complexe culture des fantômes, et de vous laisser transporté dans le plus grand des voyages d'animation où le fantastique n'a jamais si bien rimé avec magnifique.
3 commentaires:
Ah, un Miyazaki, donc beauté, philosophie et poésie. Le voyage de Chihiro est à voir, c'est superbe, de couleurs, de simplicité, d'émotions.
La musique me trotte toujours dans la tête, vive Joe Hisaishi.
C'est principalement à cause de la musique que je suis presque toujours émue aux larmes en regardant un Miyasaki, elle est vraiment à part entière dans ses oeuvres.
Voilà, la beauté =3
Ouais !
Pourtant ce n'est qu'un film d'animation ! Mais c'est top !
Tu me donnes envie de le revoir!
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